Le Contrat Social - anno VII - n. 5 - set.-ott. 1963

270 peuples - et quelle que soit la part de fiction ou de tromperie qui entre dans l'élaboration des doctrines, - elle est forcément plus sommaire ou plus lourdement naïve. Toutes les énergies sont à l'œuvre qui peuvent animer, propulser les énormes corps des nations, y compris celles qui naissent de la physiologie, du sol, du sang et de l'atavisme. 1 Qu'y faire ? Verrons-nous reprendre d'une manière sans cesse plus scientifique l'étude de tout ce qui intéresse les mouvements de la population ? Démographie, orientation des courants d'émigration, science des métissages, réglementation des naissances, eugénisme, questions d'autant plus brûlantes qu'on se préoccupe davantage de la surpopulation terrestre et du scandale de la faim. Mais ne sera-t-on pas tenté d'en déduire, sous la garantie rassurante des Académies des sciences, une hygiène et une politique racistes qui naturellement ne seront rien si elles ne se traduisent en des prescriptions obligatoires ? Ainsi les Biblioteca Girio Bianco LE CONTRAT SOCIAL tentatives des pédants du racisme hitlérien, qui excitèrent tant de moqueries ou tant d'horreur, reviendront à l'ordre du jour en dépit de tous les interdits. Pour le moment en tout cas, et face à de telles ·· éventualités, il n'est qu'une parade qui soit hors d'atteinte de toute critique: elle consiste à dévelop-. per, à favoriser tout ce qui, libérant les hommes des fatalités tribales ou ethniques qui sont encore en eux, les élève vers les sphères où l'on peut se comprendre indépendamment de la couleur de la peau ou de la forme du nez. Cela revient à mettre son espoir dans la diffusion de ce qu'on peut appeler en un sens très large des langages internationnaux, celui des religions universelles polarisées vers l'œcuménisme, celui de l'art et de la science, celui · des grandes œuvres d'assistance aux pays sousdéveloppés. Ainsi se propagera une culture vivante, sans laquelle il ne peut y avoir de liberté vraie. LÉON EMERY.

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