230 coordonnées au niveau de la localité, de la région ( oblast), de la République ou de l'Union. La plus récente réorganisation, annoncée en novembre I 962, ne remédie pas à ces faiblesses. A chaque niveau, l'organisation du Parti a été divisée en comités ou bureaux .parallèles pour l'industrie et l'agriculture, afin de surveiller plus étroitement et de manière plus suivie les deux secteurs de l'économie. Le comité du Parti pour l'industrie au niveau de la région exerce donc une surveillance directe et immédiate sur les entreprises, puisque les sovnarkhozes ont été fondus en de plus .vastes unités ayant compétence, le plus souvent, sur deux oblast au moins. En même temps, les fonctions du Gosplan ont été dispersées entre plusieurs organismes. Le Gosplan lui-même doit se limiter strictement à la planification ; le nouveau sovnarkhoze fédéral (sovnarkhoze de !'U.R.S.S.) assumera les responsabilités d'administration et de surveillance auparavant imparties au Gosplan ; les comités d'Etat pour les diverses branches de l'économie ont une responsabilité accrue, encore qu'elle ne soit pas nettement définie, pour imposer la nouvelle technique et répartir les nouveaux investissements. La directive générale est d'innover, d'implanter des techniques nouvelles et de mettre au jour les réserves cachées. En mars dernier, le besoin évident de coordonner ces organismes qui se chevauchaient conduisit à instituer un Conseil économique suprême, coiffant toute la pyramide de l'économie. Le Gosplan, le Sovnarkhoze fédéral et le Gosstroï furent subordonnés au Conseil suprême, en même temps que les divers comités d'Etat l'étaient à l'un de ces quatre organismes. On pourrait penser que le Conseil suprême va s'employer à définir les grandes lignes politiques et les règles générales de l'administration et de la compétence afin que l'ordre remplace le chaos. Il est plus vraisemblable qu'il ne sera qu'un organisme supplémentaire ajoutant à la confusion. L'ordre du jour de sa première réunion a été très révélateur du fameux tour de main de Khrouchtchev en matière d'administration. Les sujets de discussion ont été : 1. organiser la production des silicates ; 2. accroître la production de cordes à pneus; 3. améliorer la productivité de l'outillage fabriqué à l'usine de construction de machines de NovoKramatorsk (Pravda, 27 mars 1963). Les règles contre l'autorité AINSI, les positions de Khrouchtchev et des économistes sont parfaitement claires. Les deux parties s'accordent pour s'opposer à une gestion rigide et bureaucratique de l'économie. Quant à ce qu'il y a lieu de faire, les positions respectives sont diamétralement opposées. Pour les économistes, il faut remplacer les règles bureaucratiques ·par les règles impersonnene·s du profit maximw;n, par des prix fixés en (onction du prix Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE de revient entier (ou de l'offre et de la demande), ou encore par une planification mathématique établie par des calculateurs électroniques. Pour Khrouchtchev, la surveillance exercée par le Parti sur l'économie ne doit être limitée par · aucune règle. · Khrouchtchev aura sans doute sa réorganisation, et certains points des propositions faites par les économistes pourront aussi être retenus. Mais il est peu vraisemblable que les activistes du Parti reconnaissent l'adoption du profit maxi-· mum comme étant dans l'« intérêt de l'Etat» : ne pourrait-il pas, d'aventure, conduire à une baisse de la production, inciter une usine à refuser une machine défectueuse, à repousser une nouvelle technique contestable ou qui n'a pas fait ses preuves, ou encore à réduire la production d'un article prioritaire en faveur d'un article non prioritaire ? L'activiste, à bout de patience, accusera de mercantilisme les directeurs d'entreprise en question et les choses en reviendront à l'état premier. Bref, l'effet d'une règle du profit maximum a toutes les chances de se réduire à néant, tout comme la réduction du prix de revient en 1959. · Cependant, la pression économique en faveur d'une meilleure gestion des ressources ne peut aller qu'en s'accentuant. Cela non pas, comme on le prétend souvent, en vertu de la complexité croissante de l'économie, mais pour une raison bien différente. La rémunération des investissements dans l'économie ~oviétique est en baisse, ce qui est en partie la rançon du succès. Le niveau technique d'une usine ou d'un appareillage nou-· veau excède généralement la moyenne de la technologie courante. L'U.R.S.S. a dû sa croissance rapide à l'abîme entre le bas niveau de la technologie en usage et le niveau élevé qui pouvait être emprunté à l'Occident. Quinze années d'investissements massifs pendant la période d'après guerre ont réduit l'écart, et les avantages dus à la nouvelle technologie ne s'obtiennent plus aussi facilement. D'où l'attrait d'une réorganisation.· Si, comme c'est maintenant le cas, les empiétements du Parti devaient constituer une réponse insuffisante à la subtilité croissante des problèmes économiques, quelque successeur de Khrouchtchev pourrait décider qu'il est de l'intérêt du Pard dans son ensemblè de limiter l'autotité de ses échelons inférieurs. En matière de gestion économique, ·n n'existe qu'une alternative : ou bien une hiérarchie administrative systématique, avec ses définitions de la mission et de la fonction ; ou bien les règles du marché, avec le profit maximum et les prix correspondant à l'offre et à la demande. Ces deux directions possibles de l'évolution - bureaucratisation ou glissement vers le capitalisme - constituent un dilemme d'une importance primordiale pour le Parti. RUSH V. GREENSLADE. (Traduit de l'anglais)
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