' L'Expérience communiste RÉVISIONNISME ET PLANIFICATION par Harry G. Shaffer DEPUISla fin de la deuxième guerre mondiale, l'économie de !'U.R.S.S. a évolué à un rythme rapide. Sans être unanimes quant au véritable taux de croissance, les spécialistes s'accordent en général à reconnaître les succès, parfois remarquables, obtenus par les Soviétiques dans le développement de leur industrie. Cependant, les planificateurs soviétiques n'ont pas réussi à mettre sur pied un système de répartition des ressources vraiment efficace, permettant d'obtenir le maximum de rendement en termes de composition et de préférences. Alors qu'aucun système économique ne peut prétendre à la perfection d'un modèle théorique, les Soviétiques, eux, prétendent à cette perfection. Néanmoins, ils ont la conviction qu'il est possible d'améliorer considérablement l'efficacité de leur propre système. Parmi les nombreux projets tendant à cette fin, celui de le. G. Liberman veut faire des profits de chaque entreprise à la fois son principal « coefficient de réussite » (pour user d'un terme forgé par le professeur Alec Nove 1 ) et l'unique facteur des primes accordées au directeur. Encouragements aux chefs d'entreprise LE DIRECTEUaRpour fonction de veiller à ce que son entreprise exécute efficacement les tâches assignées par le plan. De substantielles primes d'encouragement viennent récoinpenser le directeur dont l'entreprise exécute ou dépasse le plan de production. Ces dernières années, une attention croissante a été accordée au plan concernant le prix de revient : des primes ont été octroyées pour maintenir le prix de revient moyen à l'unité au niveau. ou en-dessous du chiffre fixé par le plan. On fait appel à d'autres .. 1. « The Problem of " Success lndicators " in Soviet lndustry », in Economica, XXV (fév. 1958), pp. 1-13. Biblioteca Gino Bianco indices quantitatifs, ou « coefficients de réussite » (pokazatiéli), pour juger de l'efficacité d'une unité de production : les directeurs peuvent être récompensés pour avoir augmenté la productivité, maintenu la masse des salaires dans les limites prescrites (plan du fonds de salaires), apporté des innovations, amélioré la qualité, économisé sur certains éléments de production qui font défaut, etc. Mais les primes d'encouragement pour exécution ou dépassement d'un indice quelconque dépendent toujours de l'exécution du plan de production. Certes, en Union soviétique, les profits constituent un important indice de réalisation, mais c'est le rapport entre les profits prévus par le plan et ceux effectivement réalisés (plutôt que le montant absolu des profits ou des profits relatifs en tant que pourcentage de l'investissement global ou du total des ventes) qui sert à évaluer le rendement d'exploitation d'une entreprise. Les bénéfices des entreprises d'Etat appartiennent à l'Etat, mais un système de partage des profits, suspendu seulement pendant la guerre, fonctionne depuis 1936 : une part des profits prévus par le plan et qui sont effectivement réalisés, ainsi qu'une part beaucoup plus élevée des profits en excédent - les pourcentages variant d'une industrie à l'autre - sont versés chaque année à un « fonds d'entreprise » (appelé avant 1955 « fonds du directeur»). Cependant, ce fonds n'a pas eu grande importance pour stimuler le rendement des directeurs, surtout parce qu'il n'a pas été normalement utilisé pour l'attribution des primes devant récompenser les chefs d'entreprise 2 • 2. La majeure partie du fonds d'entreprise est réservée à l'amélioration du logement des ouvriers et de leurs loisirs, ainsi qu'à de petits investissements de l'entreprise non prévus dans le plan général. A l'occasion, une partie du fonds peut être affectée à des primes spéciales accordées à des ouvriers méritants. Depuis juillet 1960, 20 % du fonds doivent être employés à l'innovation technique (décret publié dans la Pravda, 2 juillet 1960).
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