QUELQUES LIVRES ~de, Robert Amadou résout trois questions bibliographiques concernant Louis-Claude de Saint-Martin. La dernière nous vaut l'exhumation de ~uelques textes fragmentaires du disciple de Martinez de Pasquallis. Sans doute affligé d'une insensibilité particulière, nous avouons 189 ne pas éprouver d'émotion notable devant ce genre d'écrits. Joseph de Maistre admirait pourtant celui qui ne nous paraît être qu'un théosophe mondain et douceâtre. Gœthe admirait aussi Béranger et, toutes proportions gardées, ceci équilibre cela. AIMÉ PATRI. CHRONIQ!IE Lydia Dan et Raphaël Abramovitch A QUELQUES JOURS d'intervalle, Lydia Dan et Raphaël Abramovitch (Rein) sont décédés en exil à New York, elle le 28 mars, âgée de quatre-vingt-cinq ans, lui le 14 avril, à près de quatre-vingt-trois ans. Avec eux disparaissent les derniers pionniers de la social-démocratie russe, contemporains et compagnons d'armes du Lénine d'avant la scission socialiste de 1903, les plus anciens marxistes au vrai sens du terme n'ayant rien de commun avec l'acception courante actuelle, vulgaire et fausse. Le petit cercle des proscrits social-démocrates qui, depuis quarante-trois ans, publie le Courrier socialiste à l'étranger, d'abord à Berlin, puis à Paris et à New York, perd en eux ses figures les plus respectées et ce deuil de famille concerne, au-delà du cercle en question, tous ceux qui ont à cœur l'avenir de la Russie et les conséquences de sa révolution. Lydia Dan était la sœur de Jules Martov, le plus proche camarade de Lénine à la fin du siècle dernier et au début de celui-ci, l'un des très rares que Lénine tutoyait et pour lequel, même après qu'ils furent séparés par un antagonisme irréductible, il a conservé jusqu'à la mort un sentiment particulier d'estime affectueuse. Dès le deuxième congrès social-démocrate de 1903, Martov devint l'adversaire intellectuel et politique de Lénine, le principal théoricien et publiciste du menchévisme par opposition au bolchévisme. Deux autres frères, Serge léjov et Vladimir Lévitski, s'étaient mis également au service du socialisme. Toute la famille Tsederbaum a milité pour la même cause, d'abord contre le despotisme du tsarisme, puis contre le terrorisme du bolchévisme. Lydia épousa Théodore Dan qui partageait entièrement les idées de Martov et qui contribua avec celui-ci à fonder, à rédiger le Courrier socialiste. Martov et Dan moururent en exil et Staline, avec la lâcheté et la cruauté qui le caractérisent, extermina tous leurs parents restés en Russie, sans épargner les enfants. Raphaël Abramovitch suivit la même voie que Martov, mais au début comme membre, ensuite Biblioteca Gino Bianco dirigeant du « Bund ». Quand cette organisation s'unit au parti social-démocrate, en 1906, il fut élu au comité central et, depuis, n'a cessé de compter parmi les leaders les plus actifs du parti. Emprisonné sous l'ancien régime, détenu et persécuté sous le nouveau, il dut avec Martov quitter la Russie en 1920 pour représenter son parti au congrès social-démocrate de Halle et auprès du Bureau socialiste international. Ni l'un ni l'autre ne devaient revoir leur pays. Tous deux se dépensèrent sans ménager leurs forces, à la fois pour s'opposer à toute intervention armée contre le régime dont ils réprouvaient l'utopie et condamnaient les méthodes absolutistes, et pour préconiser la reconnaissance de l'Union soviétique par les Etats démocratiques, - soit dit en quelques mots pour faire justice des calomnies communistes à leur égard. Membre du Comité exécutif de l'Internationale socialiste reconstituée, R. Abramovitch fut « corédacteur » du Courrier socialiste avec Martov dès le premier numéro en 1921 et il en resta le directeur jusqu'à sa mort. Lui aussi eut à subir la plus tragique épreuve imaginable quand Staline fit assassiner son fils, Marc Rein, défenseur de la république en Espagne. Pendant la guerre déchaînée par Hitler et Staline, il eut le grand mérite de résister aux illusions qui dévoyèrent plusieurs personnalités du groupe social-démocrate russe, notamment Dan et lougov, dans le sens d'une attitude conciliante envers Staline et sa tyrannie atroce. Il fit aussi beaucoup pour éclairer les organisations ouvrières américaines et les milieux démocratiques américains sur l'Etat soviétique et ses ramifications internationales. Outre la charge qu'il assumait au Courrier socialiste, il collaborait au Vorwaerts, au New Leader et, à l'âge de soixante-dix-sept ans, devenu presque aveugle, il entreprit d'écrire w1c histoire de la révolution soviétique qui a paru en anglais l'année dernière (cf. la préface de Sidney Hook à ce livre important, dans notre numéro 3 de 1962). La présente notice ne tient pas lieu d'article nécrologique, encore moins biographique. On
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