72 sur plus ·de 10 millions de déciatines, passèrent · dans la catégorie des terres d'un seul tenant. L'autorisation donnée aux « koulaks » de participer au mouvement coop~rat~ permit d' organiser toutes sortes de cooperatlves. En l 922, on comptait 22.158 organisations moribondes qui n'avaient de coopératives que le nom. En 1926, on en comptait déjà 55.122 et des milliers d'entre elles profitant d'une liberté relative, cherchaient à se' transformer elles-mêmes en véritables coopératives. Les associations de crédit se développaient rapidement (16.184), ainsi que les associations pour la transformatlon et la vente des produits agricoles (8.803). L'année 192 5 et la première moitié de. 1926 furent la période la plus heureuse de la vie des campagnes. Meilleure que les années précédentes, elle fut infiniment meilleure que les années de stalinisme qui allaient suivre. Non seulement les conditions matérielles devinrent plus favorables, mais encore les autorités rurales et les cellules, ces agents du communisme de guerre, ces héritiers des scandaleux comités de paysans pauvres de 1918, durent, sous la pression dyt gouvernement et sous l'effet de la no~velle politique de la droite, relâcher les contramtes exercées contre les paysans. La propagande en fayeur des kolkhozes s'intensifia : on leur accorda divers avantages, on leur fournit crédits et tracteurs ; malgré cela, les campagnes ne se laissèrent pas tenter. En 1928, les feux qui adhérèrent à l'entr~- prise collective représentaient 1 ,8 % des exploitations agricoles. L'année I925 prouva que les campagnes, quand la contrainte se relâchait, aspiraient à l'entreprise individueµe, s'appuy~t, comme avant 1914, sur un vaste reseau de veritables coopératives. En 1929, cette voie fut brutalement barrée. Et maintenant, que se passait-il en 1925 dans les agglomérations ouvrières ? L'industrie, remise s_ur pied, permit de rétablir rapide1?e~t le salaire réel. En 1913, le salaire mensuel etait de 32 roubles 56 copeks. Tombé à 13 roubles 56 en 1922, il remonta ensuite rapidement : en 1924, 24 roubles 68 ; en 1925, 30 roubles 02 ; en 1926, 31 roubles 30. En 1925, le salaire avait donc déjà presque atteint le taux d'avant guerre. Compte tenu des assurances sociales qui, en 1914, n'avaient pas la,même imJ?ortance, e! _de la ré?ucti?n ~e l_a journee de travail, la conditlon de 1 ouvrier etait devenue bien meilleure qu'avant la révolution d'Octobre. Grâce à l'agriculture qui se :relevait, les ouvriers étaient mieux nourris qu'auparavant. L'opposition, p~ursuivant s?n ~git~tion démagogique, prétendait q!l'on retablissait ~an~ les usines les méthodes ngoureuses du capitalisme. En réalité, la discipline du travail se relâcha en 1925, les absences injustifiées devenant de plus en plus fréquentes, surtout après le repos he~domadaire. En régime soviétique, sous la « di~ature du prolétariat>>,la grève dans les entreprises d'Etat est chose impossible et intolérable; or, Biblioteca Gino Bian.co LE CONTRAT SOCIAL en 1925, il y en eut t~ut de même, et nullement provoquées par la fa1m, comme en. 1923. Le refus de s'incliner devant son chef direct et les injures proférées fréqu~mment à ~on a~esse, qui traduisaie1,1tl.l:n sentlment r~latif de _liberté, étaient caracterist1ques de certam~ ouvn~rs en 1925.· Les syndicats, cellules d entrepnse et comités d'usine avaient du mal à lutter contre cet état d'esprit, car à l'époque le ~ouvememe~t poussait à l'adoucissement des « metho~~s administratives», à l'abandon de la polit19ue <l:e « coercition », à plus de souplesse, et reclamatt davantage d'initiative de la part des masses. * ,,. ,,. Nous AVONS BROSSÉ un tableau de cette période exceptionnelle que fut l'année 1925, marquée • par les conceptions de la droite. L'ensemble de ces idées, enfouies sous les formules les plus éculées du marxisme-léninisme, étaient, dans le fond de nature réformiste ou révisionniste. C' ét~it la voie que voulait suivre Go°;lul~a e!l Pologne, c'était celle vers laquelle s onenta1t la révolution hongroise de 1956. Mais le révisionnisme de la droite parut au Parti - avec son éducation, son histoire, et bien que Lénine eût, dans les dernières années de sa vie, perdu de sa force d'attraction - trop dure à digérer. Si, au cours des deux années suivantes, les instances du Parti semblèrent confirmer les décisions de la I 4 e Conférence, la doctrine de la droite fut battue en brèche dès l'instant où elle fut formulée. Piatakov, Préobrajenski, Sérébriakov, I. ~-. Smimov et autre_s opposants qui, en 1923, swvaient encore Trotski, la rejetèrent aussitôt. Ils brûlaient d'écraser d'impôts le capital privé; pour eux, le paysan moyen dont parlait tant la droite n'était qu'un koulak dans la peau du diable. Au fond, ils rejetaient la nep. Ils n'avaient qu'un objectif: l'hégémonie d'une industrie hypertrophiée, la création de millions de prolétaires qui ne soient pas noyés dans l'univers paysan. En 1925, leur .:hef, Trotski, garda obstinément le silence. On peut cependant déchiffrer sa pensée pendant cette période énigmatique de sa vie grâce à une lettre qu'il adressa à la r~daction d!-1 Bolchévik (1925, n° 16), dans laquelle il protestai~ de son civisme. Mais, dès la fin de l'année, Trotski se mit à bouder et, en 1926, retour d'un voyage à Berlin, il jeta l'anathème sur la politique de la droite: L'U.R.S.S. est sortie de la voie prolétarienne. La politique de la direction du Parti a déplacé sa ligne de classe: du prolétariat à la peute bourgeoisie, de l'ouvrier au technicien, du journalier et du paysan pauvre au koulak. Derrière l'appareil r du Partil se cache une bourgeoisie intérieure qui reprend vie. Le cap de la coopération est mis sur le paysan moyen à forte capacité de production et au-dessus de lui s'agite ni plus ni moins que le koulak.
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