Le Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

20 nep, à éliminer les vestiges du communisme de guerre, · à obtenir une plus grande liberté de la circulation des marchandises. LES TROIS DISCOURS cités donnent une idée des principes généraux, des postulats politiques et sociaux sur lesquels, en 1925, s'appuyait le « programme agraire» de la droite. Certes, on en pourrait trouver d'autres éléments dans des thèses antérieures. Mais, dans l'ensemble, ce programme agraire a quelque chose de spécifique qui le distingue des programmes précédents, notamment celui du XIIIe Congrès et ceux qui ont suivi. Irritée, l'opposition de gauche prétendait que la droite dirigeait l'agriculture en copiant Stolypine. Selon Préobrajenski, le développement agraire de l'Union soviétique ne contenait rien de nouveau par rapport à celui d'avant la révolution : Le fil conducteur du développement économique des couches supérieures de nos campagnes passe par la création de fermes capitalistes. Rompu par la révolution, ce fil est historiquement renoué 6 • Affirmer que les mesures agraires de la droite étaient imprégnées de l' « esprit de Stolypine », c'est donner dans la polémique. Néanmoins, il est incontestable que les mesures prises en 1925 rappelaient la politique de Stolypine. Ce dernier voulait mettre un terme au mouvement révolutionnaire. Il s'assignait de plus une tâche économique : créer une solide petite exploitation agricole, entravée jusque-là par les conditions primitives imposées à l'assolement sous le régime de la communauté rurale ainsi que par la redistribution périodique des terres communautaires, laquelle empêchait les chefs de famille de tirer parti des lopins mis par eux en valeur. Le remembrement entrepris par Stolypine avait pour but de détacher de la communauté rurale des parcelles d'un seul tenant devenues propriété privée et d'organiser des fermes sur les terres achetées aux grands propriétaires par la Banque paysanne et revendues aux paysans. Lénine, au temps où il ne donnait pas dans la démagogie, avait parfaitement compris la portée de ces mesures. En 1907, dans Le Programme agraire de la socialdémocratie, il écrivait : En aucun cas on ne peut dire que, du p9int de vue économique, le programme de Stolypine soit réactionnaire. Cette réforme mène au développement technique de l'agriculture. Le démembrement de la com- ·munauté rurale rendu obligatoire par la loi du 9 novembre, l'implantation de fermes et le financement des parcelles achetées à crédit ne sont nullement un mirage, comme le prétendent parfois les bavards écervelés de 6. Compte rendu sténographique de la 15e Conférence, p. 124. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL la gent journalistique. C'est pour la Russie capitaliste l'unique issue possible, si la révolution agraire des paysans ne l'emporte pas. La similitude avec les mesures prises par Stolypine saute aux yeux si, des douze dispositions mentionnées ci-dessous et qui forment l'essentiel du programme agraire de 1925, on en souligne trois que nous énumérerons en premier : I. Dès la fin de 1917, à partir du moment où la terre fut nationalisée, l'établissement d' exploitations agricoles individuelles se heurta sans cesse à des obstacles. D'abord, il y eut l'expropriation et le partage des grands domaines ; ensuite, le partage des terres achetées ou affermées antérieurement par des paysans ; puis le pillage encouragé par les comités de paysans pauvres, et l'afflux dans les campagnes, fuyant les villes affamées, de populations qui exigeaient, conformément à la loi sur l'agriculture, l'attribution de terres pour assurer leur subsistance. Après quoi, il y .. eut le démembrement des exploitations plurifamiliales facilité par la redistribution des terres, les familles nouvellement constituées obtenant, au même titre que les anciennes, un lopin, selon le nombre des bouches à nourrir. Le partage et la redistribution entravaient à tel point le développement économique que le Code agraire de 1922, tout en interdisant la redistribution entre agglomérations rurales, s'efforçait de limiter la fréquence des partages dans leur périmètre. Néanmoins, le partage caractéristique de l'ancienne communauté rurale ne cessa pas et continua de porter un grand préjudice à l'agriculture. Le programme de 1925 impliquait qu'on y mît fin grâce à l'importante disposition suivante, où perçait le désir, propre à la droite, de faciliter l'accumulation : Aux fins d'encourager l'investissement massif des ressources obtenues par les paysans en cultivant et en amendant les terres, de manière à intensifier la production et à accroître le rendement, on combattra résolument les redistributions trop fréquentes. II. Le fait que la jouissancen'était pas organisée,. compliqué par la dispersion des parcelles formant enclaves,par l'étroitesse et la longueur des champs, était tin obstacle au rendement. Les opérations de remembrement étaient destinées à remédier à cet état de choses et à préparer la transition au système des larges parcelles, des champs d'un se':11tenant et à l'implantation rationnelle d'entreprises paysannes. Au lendemain de la révolution, des opérations de ce genre avaient été envisagées et, par endroits, suivies d'un commencement d'exécution, mais le chaos, n'en avait pas moins persisté. Le programme de 1925 réclamait avec raison « l' accélération et l'amélioration des opérations de remembrement ». On avait prévu pour elles « des crédits aux conditions les plus avantageuses » en même temps que l'octroi de moyens financiers prélev~ sur le budget national « pour la mise en route

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