246 Constituante, que le suffrage censitaire n'est plus acceptable. Républicain de conviction, il est un ~es rares d~mocrates à mettre la République à 1ordre du Jour au moment de Varennes et il encourt alors les attaques venimeuses de Robespi~rre. _SonP!ojet d'enseignement laïque et gratuit, dispense aux filles comme aux garçons, ro~I?t avec la tradition classique et l'emprise rehgieuse, et substitue l'étude des sciences à celle de la rhétorique. Il y ajoute, ce qu'aujourd'hui nous so~mes encore en train de rechercher pour les besoins de l'industrie, l'enseignement, sinon continu, du moins périodique, donné ·à tous les âges de la vie active. . ~ous avons rappelé son influence sur le ·positivisme. Auguste Comte, par ailleurs fort éloigné de Condorcet, l'a salué comme le fondateur de la sociologie. N'a-t-il pas recherché les lois générales de l'évolution sociale cc par l'observation successive des sociétés humaines aux différentes époques qu'elles ont parcourues » 2 ? Mais pour Comte le progrès signifie une organisation sociale plus perfectionnée: « Une société n'est pas plus dé7o~posabl~ en in~vidus qu'une surface géo1!1e!nqu:ne 1est en h~es ou une ligne en points », ecrivait-tl 3 • Au contraire, Condorcet en fait un privilège de l'individu guidé par sa raison, vainqueur des forces inconscientes, et apte par conséquent à une perfectibilité indéfinie. Comte pense à une société organisée comme le corps humain; Condorcet à un homme libre vis-à-vis de luimême comme du corps social et naturellement de, l'_~tat. Comte intègre la société et la religion m~dievales, comme une étape nécessaire du progres ; Condorcet les repousse, comme une période transitoire de décadence. . . Ces divers jugements de valeur n'ont de sens que replacés- dans leurs perspectives. Celle de Comte réside dans un ordre stable, fermé sur lui-même et soumettant l'esprit humain aux besoins de sa conservation ; celle de Condorcet dans une société ouverte se dépassant sans cesse' augmentant la vie physique de ses membre~ comme _leur capacité spirituelle. S'il existe chez l~i. certai!le .démarc~e qui le rapproche du positivisme, t1 ignore 1aspect religieux de celui-ci que Comte n'a pas su éviter, et il en aurait cer~ tainement repoussé la nature conformiste et b<?~ée. Et si les sociétés modernes, en s'industrialisant, tendent à devenir des corps organisés où l'homme ne serait plus qu'un rouage, c'est. sans doute que les progrès de la raison individuelle n'ont pas suivi le cours envisagé -par Condorcet dans son Esquisse. Mais c'est un motif suffisant pour que son idéal de liberté anime le combat de ceux qui refusent d'être asservis au Léviathan. MICHEL CotI:.INBT. : _·2•. Coursde philosophiepositive, .tome IV, 47e leçon. _..· ~ Discourssur l'ëspritpositif. . . . . Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Le bolchévisme en Espagne BURNETT BottOTEN: The Grand Camouflage. The Communist Conspfracy in the Spanish Civil War. Londres 1961, Hollis & Carter, 350 pp. .M. BoLLOTENfut à l'origine journaliste, mais bien des historiens pourraient s'inspirer de sa façon de travailler. Sa ~é~hode, en effet, ne consiste pas à donner d~s citations ou des références pour étayer certaines affirmations importantes, et à publier à la fin du volume une bibliographie qu'il est .aisé de gonfler d'ouvrages qu'on n'a ni lus ni même v_us.Son li~re est e_xclusivemenct omposé de citations, ou d affirmations fondées sur une documentation dont les références, et souvent des extraits, sont donnés en note. C'est avec une sécurité presque absolue qu'on avance dans le récit d'une matière si controversée. M. Bolloten, en effet, " se fonde essentiellement sur les témoignages les moins suspects. Ayant vécu les premiers temps de la guerre civile comme correspondant de guerre d'~e grande agence de presse, il a recueilli dans les Journaux ·espagnols une matière extrêm~ment riche qui donne de toute façon des renseignements sûrs, et datés avec certitude, sur un bon n?~bre de faits et sur l'état de l'opinion aux differents moments. Sans cesse, d'ailleurs o!l le. voit procéder. à des recoupements entre le~ temoigna&es provenant. ,de sou!ces opposées.. 0!1 perçoit là une probite exceptionnelle, et qui fait de ce livre, pour l'avenir, un ouvrage de ba,sep~ur l'étude de la politique intérieure de la Repubhque espagnole dans les dix premiers mois de la guerre civile. En outre ce ne sera pas s~ulement un répertoire des sources sur les question~ controversée~ .de cette époque-là, mais au~s~une source preci~use, car sur certains p'oints J?re~isM. Bolloten a interrogé oralement ou par ecrit des acteurs du drame, et il fait connaître leurs réponses. Bref, The Grand Camouflage est un de ces rares livres qui sont assurés de durer. '* ,,.,,. Cela·ne signifie pas qu'il s'agisse d'un ouvrage sans ~é~aut.Et le défaut le plus apparent, ce sont les. limites que l'auteur s'est imposées. Elles obligent ~ se de~ander quel sujet au juste il a voulu traiter. Le titre et le sous-titre de son livre indiquent assez clairement que son projet n'a ~as ét~ d~ _faireune histoire générale de la politique i~te!ieure dans l'époque considérée, mais de se limiter à un aspect - fondamental à ses yeux - pe ce qui s'est passé alors. Il se trouve que cet aspect des choses exigeait précisément qu,il dépasse les limites qu,il s,est données. Il y a là un problème que nous allons tenter de débrouiller. Il ·semble que la conception générale d'où l'auteur est parti soit à peu près la suivante~
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