Le Contrat Social - anno VI - n. 4 - lug.-ago. 1962

B. DBLIMARS Au VIll 8 Congrès, Lenine avait prononcé à huis clos un très important discours où il précisait les principes essentiels de la politique du Parti en matière militaire. Du temps de Staline, ce discours n'était mentionné ni dans la presse ni dans les études historiques ; en revanche, le discours de Staline, qui ne faisait que se rallier aux thèses de Lénine, était abondamment cité. On avait ainsi l'impression que c'est à Staline seul qu'étaient dues les directives votées par le VIll 8 Congrès au sujet de l'Armée rouge. En outre, Staline avait infligé dès cette époque un grave dommage à la doctrine militaire soviétique : On sait quel tort fut causé par l'appréciation erronée de l'activité militaire de Lénine formulée par Staline dans sa réponse au professeur Razine [historien militaire]. Staline y affirmait que Unine ne se considérait point comme un connaisseur en matière militaire, non seulement avant la révolution d'Octobre, mais après celle-ci et jusqu'à la fin de la guerre civile. De ce fait, pendant de nombreuses années on passa sous silence les énormes apports de Lénine à l'art militaire. Le culte de la personnalité de Staline éclipsait et dépréciait le travail militaire accompli par le Parti et par son Comité central. Bien des décisions très importantes du Parti n'étaient point étudiées et exploitées par la science et l'histoire militaire. Pendant cette période, on ne mentionnait pas, à quelques rares exceptions près, les mérites de beaucoup de personnalités politiques et d'officiers qui avaient joué un grand rôle dans l'Armée rouge. Maints noms glorieux étaient entièrement rayés de l'histoire, du fait des persécutions injustifiées qui eurent lieu sous le culte de la personnalité. Ainsi, au lieu du surhomme de naguère, est présenté aux cadres et au contingent un individu mesquin, menteur et vantard, toujours prêt à s'approprier les mérites d'autrui, à se mettre coûte que coûte à la première place. En face de cette figure repoussante se dresse maintenant une glorieuse image de Lénine et du Parti, source de toute sagesse, de toute morale, de toute autorité et de toute énergie créatrice, incarnées en la direction collective et la personne de Khrouchtchev. Image qui a le seul mérite d'être entièrement conforme à la nouvelle « vérité historique inaltérable», établie par le XXII° Congrès. LES TROIS ARTICLES suivants exposent l'évolution des forces armées depuis 1929, début du premier plan quinquennal, jusqu'à nos jours. De la même veine que la prose de Rybakov, ils opposent également le rôle bienfaisant du Parti, source de tous les progrès et de toutes les victoires, à l'action pernicieuse de Staline et du culte de la personnalité, cause première de tous les échecs subis par l'U .R.S.S. Le premier de ces articles 8 traite la question suivante : • La consolidation du potentiel défen8. Colonel A. Grylev : • A la veille de la dure ipreuve •, in Btoil, '""I', 14 fn'. 1962. Biblioteca Gino Bianco 225 sif du pays dans les années qui précèdèrent la grande guerre patriotique... Au cours des trois premiers plans quinquennaux (1929-1941), le peuple soviétique, guidé par le Parti suivant les principes léninistes, a bâti la société socialiste et créé la base militaire et économique indispensable à la défense de la patrie. » Or, Staline, auquel avait été attribué tout le mérite du potentiel militaire et économiquedu Eays, a commis une grave erreur idéologique : t1 n'a pas compris que le facteur principal était... ...l'inébranlable unité sociale, politique et idéologique du peuple soviétique, forgée au cours de l'édification du socialisme, ainsi que l'amitié fraternelle et la collaboration étroite de tous les peuples de l'U.R.S.S. Dans ce pays, la classe ennemie des exploiteurs avait été annihilée et il ne restait que deux classes amies : les ouvriers et les paysans. Une nouvelle intelligentsia, dévouée au peuple, s'était également formée. Staline n'a pas su apprécier à sa juste valeur ce fait historique d'importance mondiale. Selon lui, la lutte des classes devait s'intensifier de plus en plus à l'intérieur du pays à mesure que !'U.R.S.S. progressait vers le socialisme. Cette conception erronée déformait grossièrement la réalité soviétique et justifiait la pratique des répressions massives. Pendant la guerre, un démenti irréfutable fut infligé à cette thèse de Staline : tout le peuple soviétique et toute son armée se sont étroitement serrés autour du Parti et de son drapeau léniniste. Ce « ralliement monolithique » est dû... ...au parti communiste qui, dans les années d'avant guerre, avait accompli un immense travail d'éducation de tous les Soviétiques dans l'esprit de l'idéologie marxiste-léniniste, dans l'esprit ardent du patriotisme socialiste et de l'internationalisme prolétarien, les rendant ainsi prêts à tout instant à défendre leur patrie. L'amour infini du pays natal et le dévouement aux idéaux du socialisme, inculqués par le Parti à notre peuple, furent pendant la guerre une source d'héroïsme pour les masses soviétiques à l'arrière comme au front. Cette affirmation péremptoire montre une fois de plus à quel point le souci de la vérité historique est exclu de l'historiographie soviétique. Il n'est plus question que de glorifier le Parti et d'avilir Staline. Peu importent à cette version des faits aussi gênants que ceux-ci : reddition massive des troupes et mollesse de leur résistance dans les premters mois de la guerre ; levée, par le général Vlassov, d'une armée antibolchévique parmi les prisonniers russes ; collaborateurs que les nazis avaient trouvés en grand nombre dans les régionsoccupéesdès la suppression des kolkhozes; masse impressionnante des D. P. (personnes déplacées) d'origine soviétique qui refusèrent de rentrer en U.R.S.S. après la guerre. L'auteur veut ignorer que la véritable résistance aux Allemands ne commença que lorsque le peuple russe eut compris que c'était à lui-même et à son pays, non au communisme, que les nazis faisaient une guerre sans merci. Il s'emploie à démontrer qu'à la veille de la guerre..•

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