DOCUMENTS 4. La démocratie bourgeoise a proclamé pendant des siècles l'égalité des individus, indépendamment du sexe, de la religion, de la race et de la nationalité : mais nulle part le capitalisme n'a permis de réaliser en fait cette égalité, et, dans sa phase impérialiste, il a abouti à une oppression plus aiguë que jamais des races et des nationalités. C'est seulement parce que le pouvoir des soviets est le pouvoir des travailleurs qu'il a pu, pour la première fois au monde, réaliser jusqu'au bout cette égalité dans tous les domaines de la vie, jusques et y compris la complète suppression des derniers vestiges d'inégalité de la femme en matière de droit matrimonial, et, en général, de droit de la famille. A l'heure actuelle, la tâche du Parti est, avant tout, de travailler par la propagande et l'éducation à supprimer jusqu'à la racine tous les vestiges de l'inégalité et des préjugés, en particulier parmi les couches arriérées du prolétariat et du paysannat. Loin de se borner pour la femme à une égalité formelle de droits, le Parti tend à la libérer des charges matérielles d'une économie domestique désuète, remplacée par les habitations communautaires, les repas pris en commun, les buanderies centrales, les crèches, etc. 5. En assurant aux masses laborieuses, à un degré incomparablement plus grand que la démocratie bourgeoise et le parlementarisme, la possibilité d'élire et de rappeler leurs députés de la façon la plus facile et la plus accessible aux ouvriers et aux paysans, le pouvoir des soviets abolit en même temps les côtés négatifs du parlementarisme, en particulier la distinction des pouvoirs législatif et exécutif, l'absence de contact entre les institutions représentatives et les masses, etc. L'Etat soviétique rapproche l'appareil étatique des masses également du fait qu'il prend pour unité électorale et pour cellule fondamentale de l'Etat, non plus une circonscription territoriale, mais une unité économique (usine, fabrique). La tâche du Parti consiste, en faisant converger tout son travail dans cette direction, à obtenir un rapprochement toujours plus parfait des organes du pouvoir et des masses laborieuses, grâce à la mise en pratique par ces masses, de façon toujours plus stricte et plus complète, des principes démocratiques, en particulier de la responsabilité et du contrôle des fonctionnaires. 6. Tandis que la démocratie bourgeoise, contrairement à ses déclarations, en séparant l'armée des masses laborieuses et en la leur opposant, en refusant aux soldats l'exercice des droits politiques, a fait de l'armée un instrument des classes possédantes, l'Etat soviétique dans ses organes, dans ses soviets, fond ensemble les ouvriers et les soldats sur la base de l'égalité complète de leurs droits et de l'identité de leurs intérêts. Biblioteca Gino Bianco 293 La tâche du Parti consiste à maintenir et à développer cette union des ouvriers et des soldats dans les soviets, à resserrer le lien indissoluble entre les forces armées et les organisations du prolétariat et du demi-prolétariat. 7. Le rôle dirigeant joué dans toute la révolution par le prolétariat industriel des villes en tant que partie la plus concentrée, la plus unie, la plus éclairée et la plus aguerrie des masses laborieuses, s'est manifesté tant au moment de l'apparition même des soviets que dans le cours du développement qui a fait d'eux les organes du pouvoir. Notre Constitution soviétique a reflété cet état de choses, en conservant un certain privilège au prolétariat urbain par rapport aux masses petites-bourgeoises et moins cohérentes des campagnes. Le Parti, en expliquant le caractère temporaire de ces privilèges, liés historiquement aux difficultés de l'organisation socialiste des campagnes, doit s'efforcer de mettre à profit constamment et systématiquement cette situation du prolétariat industriel pour faire contrepoids aux intérêts étroits d'atelier et de corporation développés par le capitalisme parmi les ouvriers, pour unir plus étroitement à l'avant-garde ouvrière les masses les plus arriérées et les moins cohérentes des prolétaires et demi-prolétaires des campagnes, ainsi que le paysannat moyen. 8. Ce n'est que grâce à l'organisation soviétique de l'Etat que la révolution du prolétariat a pu, d'un seul coup, raser le vieil appareil administratif et judiciaire de l'Etat bourgeois. Cependant, le degré de culture insuffisamment élevé des masses, l'absence de l'expérience nécessaire des affaires d'administration chez les travailleurs portés par la masse à des postes de responsabilité, la nécessité de faire hâtivement appel, dans des conditions difficiles,aux spécialistes de l'ancienne école, et le prélèvement de la couche la plus évoluée des ouvriers urbains pour les besoins de l'armée, ont abouti à une renaissance partielle de la bureaucratie dans le régime soviétique. Décidé à faire une guerre acharnée à la bureaucratie, le Parti préconise, pour supprimer complètement ce mal, les mesures suivantes : 1. Obligation pour tout membre d'un soviet d'effectuer un travail déterminé dans l'administration de l'Etat ; 2. Variation méthodique de ces travaux, de sorte qu'ils embrassent progressivement toutes les branches de l'administration; 3. Participation progressive de tous les travailleurs, sans exception, à l'administration de l'Etat. La réalisation complète de toutes ces mesures, qui représentent un progrès dans la voie ouverte par la Commune de Paris, et la simplification des fonctions administratives avec l'élévation du niveau culturel des travailleurs, conduisent à la suppression du pouvoir étatique.
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