LE CONTRAT SOCIAL politique qu'elle se donne, ou qu'elle subit. Aux Nations Unies comme à la Société des Nations sont inévitablement représentés non seulement des pays qui ne sont pas vraiment des nations, mais en outre des Etats que désavoueraient leurs nations avec horreur si elles pouvaient s'exprimer. Même en admettant la thèse banale d'après laquelle les Nations Unies comme toute œuvre humaine s'avèrent imparfaites, mais perfectibles, et qu'avec leurs incontestables défauts elles peuvent éventuellement contribuer peu ou prou à garantir la paix et la sécurité dans le monde, rien ne justifie qu'en fassent partie des Etats qui, par définition, se vouent à conquérir la planète et par conséquent ne laissent en paix ni en sécurité aucune collectivité ni individu susceptible de leur faire obstacle. Plus concrètement parlant, l'Union soviétique ne participe à l'O.N.U. que pour y poursuivre sous certaines formes son action spécifique à des fins de subversion universelle. Ses satellites comme la Pologne ou la Hongrie ne font que la seconder, de gré ou de force, dans ses hostilités multiples contre les nations ou les élites soustraites à son emprise. Dans des conditions excluant le recours aux armes les plus modernes, cette guerre originale et unilatérale est menée par l'intrigue, le mensonge, la corruption, la propagande, la menace, le chantage, le terrorisme, devant quoi les démocraties se révèlent désemparées, comme l'atteste leur inertie complaisante. Cela s'appelle de nos jours « guerre froide » et ne s'accorde nullement avec la Charte de l'O.N.U. que les pouvoirs communistes traitent en chiffon de papier comme tous les accords et conventions qu'ils signent à titre de compromis provisoire. Se comporter autrement est inconcevable aux communistes, car ce serait renier leur raison d'être, donc renoncer au prétendu « marxismeléninisme » et cesser d'être ce qu'ils sont devenus. F. D. Roosevelt escomptait leur évolution et croyait les assagir, les « apaiser », en leur faisant gratuitement confiance, en cédant toujours devant leur volonté de puissance. Il se trompait du tout au tout, et ses successeurs ne savent comment réparer l'irréparable. Si le moindre changement d'orientation avait pu s'esquisser dans la mentalité et la conduite d'un Staline ou de ses disciples, cela se saurait et se traduirait dans les actes d'un Khrouchtchev et de ses acolytes. Au contraire s'affirme leur inébranlable résolution de persévérer avec acharnement dans une lutte inexpiable camouflée en « coexistence pacifi9ue », sans souci des traités ni des décisions prises à l'O.N.U. par la moitié plus un des membres (quitte à exiger l'application impossible des motions votées sous leur inspiration et leur pression par une assemblée inconsciente). La seule façon de tenir en respect des ennemis si complètement dénués de scrupules edt été de leur opposer une résistance sans défaillance et de n'en Jamais recevoir un coup sans le rendre au décuple. Aux tromperies effrontées de Biblioteca Gino Bianco 247 l'incessante prédication soviétique, il serait facile de répondre par des vérités convaincantes. Les principaux pays démocratiques ayant essuyé jusqu'à présent les affronts, les outrages et les dommages sans réagir, sans prendre aucune initiative, pour se borner à des préparatifs militaires qui ne tiennent pas lieu de ripostes politiques, une situation de fait en résulte dont les traits généraux se reflètent nécessairement sur le forum international. Il ne manque désormais à l'O.N.U. que l'admission de la Chine communiste et la refonte du Secrétariat préconisée par Khrouchtchev pour devenir une machine de guerre au service de l'impérialisme communiste, peu importe l'arithmétique des pointages parlementaires. Or la question se pose d'inviter le régime de Mao à représenter la Chine dans ce pandémonium pour y peser lourdement du poids de sa population et de son arrogance, pour y porter le trouble à son comble par ses provocations incessantes et ses menaces de guerre, certes impuissantes, mais que tout le monde prend au tragique. Qu'on puisse à l'O.N.U. envisager sérieusement pareille éventualité équivaut à se résigner au suicide. Quant à créer un Secrétariat tricéphale pour apaiser momentanément l'appétit de l'ogre soviétique, ce serait tout simplement livrer l'instrument de paix aux prétendants à l'hégémonie mondiale. Il est aisé de prévoir la tournure fatale des choses si de tels projets prennent corps, même alors que les ultimes péripéties restent imprévisibles. Ces considérations n'ont rien de commun avec celles de la France officielledans son attitude récente envers l'O.N.U., soit dit pour répondre à des remarques suscitées par les deux derniers articles de la présente Chronique. On n'a cité ici de Gaulle (et Churchill) qu'à l'appui de l'argumentation prolongeant celle de l'Observat,eur des Deux Mondes datée déjà de 1948. L~ttitude officielle de la France consiste à ne réprouver le rôle de l'O.N.U. que sur des points particuliers qui concernent les intérêts français en Afrique, quitte à se désintéresser de tout l'essentiel. C'est le sort de l'humanité tout entière qui se joue dans la partie de coexistence belliqueusement pacifique engagée par les détenteurs abusifs du cc sens de l'histoire». L'avenir de la France largement conçu n'en est pas séparable. M. André François-Poncet, dans le Figaro du 30 août, reconnaît que l'O.N.U., cc amas d'hypocrisie, de contradictions et de passions partisanes », est une assemblée cc totalement dénuée d'esprit de justice, bien qu'elle prétende s'ériger en tribunal», mais il n'en regrette pas moins que la France s'abstienne d'y défendre sa cause : cc Les tares de l'O.N.U. », écrit-il, n'empêchent qu'elle ait« sa vie propre, son poids, son influence. Elle fait illusion, en dépit de ses fautes et de ses carences.» Et pensant que « l'opinion mondiale» n'est pas un vain mot, que « l'O.N.U. est un des lieux où elle se forme, un des forums où elle
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