L'Expérience communiste LE COMMUNISME EN GRÈCE par E. Papageorgiou LA SCÈNEPOLITIQUgErecque offreactuellement un paradoxe très inquiétant : les communistes et leurs partisans, qui n'ont pas peu contribué aux souffrances de la Grèce pendant et après la guerre et qui sont pour cela méprisés de la population au même titre que les nazis et les fascistes, sont parvenus ces dernières années, grâce à des alliances politiques et à une activité crypto-communiste à peine déguisée, à tourner leur situation illégale et à exercer une puissante influence sur la vie politique du pays. Cet état de choses préoccupe beaucoup le gouvernement, les divers partis politiques et l'opinion publique en général. Pour mieux comprendre la situation actuelle, il n'est pas inutile de retracer l'histoire du mouvement communiste grec qui présente tous les stigmates d'une organisation indigène inféodée à Moscou, tout en étant, à certains égards, un instrument unique en son genre dans la lutte que les communistes mènent pour s'emparer du pouvoir dans le monde entier. Les origines LE COMMUNISMviEt le jour en Grèce en 1918 : le parti socialiste travailliste grec - rebaptisé peu après parti travailliste (communiste) - fut fondé dans le port industriel du Pirée. En septembre 1920, le parti s'affiliait à l'Internationale communiste et, en 1924, adoptait son nom actuel, parti communiste grec (K.K.E. ). . · Bien que peu influent au départ, sa ligne politique pendant les années 20 et au début des années 30 fut marquée par plusieurs crises qui en affectèrent profondément l'évolution. Il fut dissous une iremière fois en 1925 sous le régime dictatoria du général Pangalos. Autorisé de nouveau un an plus tard, il se trouva bientôt en proie à Biblioteca Gino Bianco .., des dissensions internes, tant sur des problèmes concernant le parti lui-même que sur le conflit qui opposait alors en Russie Staline et Trotski. Après la victoire de Staline en 1928, qui marqua l'avènement du « socialisme dans un seul pays», le K.K.E. suivit quelque temps une politique indépendante de tactique extrémiste et de manifestations hostiles qui amena le gouvernement libéral de Venizelos à sévir de nouveau (si le Parti lui-même ne fut pas déclaré illégal, une loi de 1929 fit des autres formes d'organisation et d'activité communistes un délit sui generis passible de courtes peines de prison ou d'exil). Ainsi paralysé, le Parti connut une période de stagnation et de luttes intestines qui aboutit à une intervention du Comintern, à l'élimination de l'équipe dirigeante et à la nomination de M. Zachariadis comme secrétaire général du K.K.E. (poste qu'il occupera jusqu'en 1956). Pendant les années 30, le Parti resta faible et inefficace. Préoccupée par l'indifférence croissante des adhérents, la nouvelle direction revisa à fond' sa politique en 1934 : la révolution se ferait en Grèce en deux phases, la première ayant un « caractère bourgeois-démocratique », la deuxième « se transformant rapidement en révolution socialiste prolétarienne ». Cette innovation théorique, fondé sur le précédent des révolutions de Février et d'Octobre en Russie, n'eut pas pour effet d'accroître l'attraction du Parti ni de souffler l'enthousiasme dans ses rangs. En 1936, le nouveau régime autoritaire du général Metaxas déclara derechef le K.K.E. illégal et prit de strictes mesures pour en rendre la dissolution effective. Les principaux dirigeants furent arrêtés et, avec l'aide de certains renégats, l'organisation du Parti fut démantelée. Le K.K.E. resta interdit jusqu'à la fin de l'occupation en 1944. ...
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