Le Contrat Social - anno V - n. 1 - gennaio 1961

8 P.C. français. Kun, réhabilité officiellemen! au xx.e Congrès du P.C. de l'URSS, peut maintenant être mentionné, mais qui donc étaient les Français anonymes ? Loriot était là, mais son nom est anathème ; !'Exécutif constitué après le troisième Congrès avait pour représentant du P.C. français Boris Souvarine, et comment peut-on dire, explicitement, que Lénine défendit Loriot et Souvarine ? Lénine au quatrième Congrès est le sujet, dans le même périodique, des souvenirs d'un certain Runge. Il raconte que Lénine lui conseilla de profiter alors de la présence des dirigeants communistes pour obtenir leur collaboration régulière à Inprekorr, bulletin du Comintern lancé l'année précédente. (Si un conseil aussi élémentaire était nécessaire, M. Runge devait être bien peu malin.) Qui feuillettera Inprekorr, écrit-il, « verra que les articles de base étaient toujours écrits par les camarades dirigeants de nos partis. Nous n'en nommerons que quelques-uns. » Pour le parti allemand, il cite Thaelmann, Pieck « et autres » ; pour le français, Cachin, Thorez, Sémard, Berlioz « et autres»; pour l'espagnol, Diaz, Ibarruri « et autres ». Il est intéressant de consulter les premières années d' Inprekorr pour voir qui y collaborait. Pendant les quatre premières années (1921-24), il n'y eut aucun article de Berlioz, Diaz, Gramsci, Ibarruri, Longo, Thaelmann et Thorez ; il y en eut 6 de Cachin, 2 de Pieck, 3 de Sémard et I de Togliatti. En revanche, fréquents furent ceux de collaborateurs dont les noms sont interdits aujourd'hui : 18 de Brandler, 21 de Thalheimer et 22 de Frolich, 18 de Victor Serge, autant de Treint, et 23 d'Andrès Nin. (Notre collection d'Inprekorr n'est pas tout à fait complète, mais les numéros qui manquent ne changeraient guère le tableau.) A ce propos, M. Runge ne dit pas que lorsque Inprekorr publia pour la première fois un article de Staline (en janvier 1923), il dut expliquer à ses lecteurs qui était ce monsieur - voilà pour le meilleur• disciple de Lénine **. ** Le M. Runge mentionné par Jane Degras est évidemment un imposteur : personne ne l'a jamais connu à Jnprekorr où il a été peut-être un obscur employé subalterne, mais n'a pu jouer aucun rôle; et Lénine ne s'est jamais occupé ainsi de ce bulletin dont la direction pratique incombait à Julius Alpari, sous l'autorité du Comité exécutif de l'I. C., de sa section de presse ( otdiel petchati) ou de son secrétariat. D'autre part, il est faux que les leaders du mouvement communiste aient pu apporter à 11:prekorr. une c?_llabor~tion régulière et originale, pour la simple raison qu Ils étaient trop absorbés par maints travaux et n'avaient pas le temps d'écrire de tous côtés. Les articles signés et les documents collectifs provenant du P.C. de l'URSS et du Comité exécutif de l'I.C., traduits du russe étaient emp_~tés . à la presse soviétique; ce fut et c'est encore le prmcipal mtérêt du bulletin en question. Il en allait de même quant à nombre d'articles et de documents qui paraissaient simultanément, ou presque, dans Inprekorr et dans la presse communiste allemande. Mais non pas quant aux textes d'autres sources. Il importe de noter que les édi- -- LE CONTRAT SOCIAL PERSONNE, bien entendu, ne demande et encore moins n'explique · comment des personnages infâmes purent duper l'infaillible Lénine et, pendant des années, le non moins infaillible Staline, ni pourquoi les plus éminents serviteurs de la révolution, parvenus aux plus hauts postes que le pays pût offrir, jugèrent . avantageux de défaire l'œuvre à laquelle ils avaient consacré leur vie. Ces récents articles ne vont pas jusqu'à dire « hyène fasciste» pour étayer les accusations contre Trotski, Zinoviev, Kamenev, etc.., mais M. Rouban, dans un article sur l'opposition trotskiste-zinoviéviste 10 , affirme que Trotski et ses alliés Zinoviev et Kamenev entrèrent au Parti « avec une lourde charge de menchévisme ». Lénine était manifestement incapable de reconnaître le 1nenchévisme même chez ses plus .proches compagnons ; ou s'il le reconnaissait, il n'y voyait pas d'obstacle à l'exercice par eux des plus hautes fonctions - Trotski comme commissaire aux Affaires étrangères et, plus tard, à la Guerre; Zinoviev comme président de l'Internationale communiste et chef du Parti à Léningrad ; Kamenev comme chef du Parti à Moscou. M. Rouban s'étend assez longuement sur la quatorzième conférence du Parti (avril 1925); jonglant avec les dates et les événements et décla~ rant que l'opposition était contre l'industrialisation, il donne un tableau absolument faux des disputes qui divisèrent les dirigeants après la mort de Lénine. Il écrit qu'en 1925 la Russie entrait dans une nouvelle phase d'industrialisation socialiste. Il n'en fut évidemment rien; cela arriva plus de deux ans plus tard, au xve Congrès à la fin de 1927, et la politique d'industrialisation n'entra pas en vigueur avant la fin de l'année suivante. La conférence de 1925 élargit en fait les limites de l'agriculture et du commerce privés; c'est cette politique de conciliation et d'encouragement aux paysans aisés (liquidés plus tard comme koulaks) qui provoqua l'opposition de Kamenev et le poussa ainsi que Zinoviev à rompre ,avec Staline puis, l'année suivante, à se joindre à Trotski. M. Rouban ne mentionne pas les années 1923-25 pendant lesquelles Staline coopéra avec Zinoviev tions, en trois langues, ne sont pas concordantes. L'édition française, faite par Robert Petit et Victor Serge, diffère beaucoup de l'allemande. Faute d'obtenir de Paris les articles demandés aux dirigeants du Parti, malgré des appels réitérés, il fallait du remplissage journalistique pour paraître à temps : Victor Serge, surtout, y pourvoyait d'une plume intarissable (sa contribution fut trois fois plus abondante que Jane Degras ne la signale, mais sous une autre signature et d'autres initiales). Plus les militants assumaient de responsabilités, moins il leur était loisible d'écrire spécialement ·pour Inprekorr. Les articles de Brandler, Thalheimer, Frô- . lich paraissaient dans plusieurs journaux. Treint et Nin ont beaucoup écrit alors qu'ils se trouvaient disponibles. Titre du bulletin en français : La Correspondance Internationale, publiée successivement à Berlin, Vienne et Paris. Inprekorr. t:st l'abréviation du titre en allemand (N.d.l.R.). 10. Voprossy Istorii K.P.S.S., 1958, n° 5.

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