Le Contrat Social - anno V - n. 1 - gennaio 1961

• JANE DEGRAS Le moyen d'éviter des dilemmes embarrassants de ce genre a été suggéré par Partiinaïa Jizn (1956, n° 4, p. 44) : Les publications de documents et de recherches sont souvent considérablement appauvries parce qu'elles ne comprennent pas de nombreux documents officiels du Parti et du gouvernement qui provenaient de la direction collective et qui expriment correctement la politique du Parti et du gouvernement, mais sont signés par des gens qui furent révoqués plus tard de la direction... Pourquoi ne pas les publier comme produit collectif, sans aucune signature, avec la seule indication de l'organisation dont ils émanaient ? LE SILENCE sur ceux qui, en fait, dirigeaient l'I.C. est la caractéristique la plus générale des articles. Un certain M. Hermann Matern 4 , qui écrit sur la fondation du parti communiste allemand, dit qu'à son premier congrès un comité central de douze membres fut élu et il cite quelques nol)ls, mais pas Frolich, Levi, Meyer et Thalheimer, et il omet de dire que Radek y assistait comme T représentant du P.C. russe. Le congrès de Halle· au cours duquel Zinoviev, dans un discours de quatre heures, rallia la majorité des socialistes indépendants (donnant ainsi quelque 300.000 membres de plus au P.C. allemand qui n'en comptait pas tout à fait 40.000 ), fait l'objet d'une ligne et demie - Zinoviev n'étant naturellement pas mentionné, - bien qu'à l'époque ce fût une nouvelle à la page une dans toute la presse. Ne sont pas nommés non plus ceux qui dirigeaient le P.C. allemand à l'époque du fiasco de 1923. Brandler et Thalheimer ne sont même pas accusés d'erreur, car «le Parti» n'en commit pas, il «manquait de maturité» ; la crise qui secoua le P.C. allemand après ce triste échec fut une des plus graves de son histoire et eut des répercussions dans toute l'Internationale, mais dans l'article de M. Matem la dispute est escamotée en quelques phrases qui, par une confusion de temps délibérée, font croire que Maslow et Ruth Fischer furent les «opportunistes» responsables de la faiblesse du P.C. allemand, alors qu'en fait ils étaient les dirigeants agréés par Moscou après qu'on eut fait de Radek, Brandler et Thalheimer des boucs émissaires pour les événements de 1923. Clara Zetkin (dont le prestige était si grand qu'elle fut élue à !'Exécutif à titre individuel et dont les Souvenirssur Lénine furent à un moment donné un livre communiste à succès) n'obtient pas un regard dans l'histoire de M. Matem, bien qu'elle fasse toujours partie du panthéon soviétique - mais c'est qu'elle défendit Paul Levi qui accusa le P.C. allemand d'irresponsabilité 4. Novaia i Noveïchaia Istoriia, 1959, n° 2 • Biblioteca Gino Bianco 7 lors de « l'action de mars » 1921, et plus tard Brandler et Thalheimer, déclarant que c'est l'ensemble de !'Exécutif qui devrait assumer la responsabilité de leurs actions. Un autre article de M. Tsitovitch sur Lénine au troisième Congrès du Comintern 5 ne fait aucune allusion à la défense de Levi par Clara Zetkin ni à l'accusation formulée par celle-ci contre !'Exécutif comme étant largement à blâmer « pour les mots d'ordre erronés et l'attitude politique fautive du Comité central [du P.C. allemand]». Dans ses « Rencontres mémorables » lamentablement peu mémorables, M. Gallacher 6 mentionne bien Brandler, Thalheimer et Zetkin. Il se souvient même avoir rencontré Smeral, mais non, apparemment, Zinoviev, Radek et Trotski. Un autre article anglais, celui de M. Pollitt 7, est non moins maigre ; ses mémoires peuvent virtuellement être réduits à une liste des principales résolutions et thèses adoptées aux congrès et autres réunions du Comintern. Gallacher est suivi dans le même numéro par M. Gopner qui écrit sur le deuxième Congrès. A en croire M. Gopner, Lénine représentait seul le P.C. soviétique. Mais en fait, parmi les documents du congrès il y a des thèses sur le rôle du parti communiste dans la révolution prolétarienne rédigées et préfacées par Zinoviev ; des thèses sur· 1e travail dans les syndicats, présentées par Radek ; des thèses sur les partis communistes et le parlement, rédigées par Trotski et Boukharine. Le manifeste du congrès fut écrit par Trotski et présenté par lui comme discours J de clôture. Ces hommes ne sont pas seuls absents ; la guerre avec la Pologne n'est pas mentionnée, bien qu'il existât de nombreux témoignages qui rappellent comment les délégués suivaient sur la grande carte accrochée dans la salle du congrès les mouvements des armées soviétique et polonaise. Sans doute M. Gopner juge-t-il peu politique de suggérer que la Russie soviétique n'était rien moins que bienveillante à l'égard de la Pologne - encore que Lénine, selon Clara Zetkin, ait dit : «Les Polonais voyaient dans l'Armée rouge des ennemis et non des frères et des libérateurs 8 • » Le troisième Congrès est évoqué par la publication (posthume) de quelques souvenirs du communiste bulgare Kolarov, donnés << sous une forme abrégée » 9 • Ils concernent principalement les critiques de Lénine contre Bela Kun pour son attaque contre l'« opportunisme» du 5. Voprossy lstorii, 1957, n° I. 6. Novaia i Noveïchaia Istoriia, 1959, n° 2. 7. Voprossy lstorii, 1959, n° 3. 8. K. Zetkin : Reminiscences of Lenin, Londres 1929, p. 20. 9. Voprossy Istorii K.P.S.S., 1960, n° 2. «Abréviation» est un des crimes sinistres dont sont accusés les écrivains non communistes qui utilisent des documents communistes. Aucune raison n'est donnée pour les coupures faites dans le texte de Kolarov.

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