Le Contrat Social - anno IV - n. 5 - settembre 1960

B. SO UV ARINE aidé à construire 166 entreprises « d'énorme envergure » en cinq ans, « épine dorsale de la construction industrielle chinoise », et son assistance technique permettra d'en construire encore 125, en vertu de récents accords. Ce qui « aidera .. à mettre sur pied en Chine un système industriel complet en une période relativement courte ». En matière scientifique, notamment d'énergie atomique, l'aide soviétique est non moins importante. Sur le plan de la politique internationale, Tchen Yi reprend à son compte tout ce que rabâche la propagande soviétique : paix, détente, désarmement, coexistence pacifique. Il salue « la victoire de la politique étrangère de l'Union soviétique ainsi que le succès du camarade Khrouchtchev lors de son voyage aux États-Unis», tout en souscrivant aux accusations, aux calomnies communistes habituelles à l'adresse des ÉtatsUnis. Mais l'impérialisme américain, « va audevant d'une honteuse défaite ». Les Etats-Unis veulent « enfoncer un coin dans les relations sino-soviétiques » : peu importe, car « la grande alliance sino-soviétique demeurera toujours inébranlable et invincible». A preuve une autre parole profonde de Mao : « L'unité des grands peuples chinois et soviétique est éternelle, indestructible et inébranlable. » Tchen Yi s'en rapporte aussi à Khrouchtchev qui a dit: «N'allez pas chercher des fissures là où il n'en existe pas », fissures que les amateurs de brouilles ne verront jamais, « tout comme ils ne verront jamais leurs propres oreilles ». Il enseigne à distinguer parmi les alliances celles qui sont «inébranlables » et il rend un fervent hommage au Parti frère : «Le peuple chinois a toujours bénéficié d'une assistance fraternelle sous diffé- - rentes formes de la part de l'Union soviétique. Il éprouve du fond du cœur un sentiment de gratitude envers elle. Dans cette assistance, il existe u11;trésor inappréciable : c'est l' expérience de l'Union soviétique (...) Mao Tsé-toung a toujours dit qu'il fallait correctement apprendre auprès de l'Union soviétique. C'est là un principe constant de notre Parti. » Conclusion, en quelques lignes prélevées sur ce long verbiage : « L'unité monolithique des peuples chinois et soviétique forme le noyau de l'unité du camp socialiste (...) En ce début des années 60 du xxe siècle, de merveilleuses perspectives infiniment radieuses s'offrent aux peuples du monde. Le vent <l'Est [encore] souffle avec plus de force tandis que le vent <l'Ouest faiblit. Au cours des années 60, chaque route mène à la victoire du socialisme», etc. (!~auteur se répète à n'en plus finir, comme ses congénères, et il faut abréger). Tout cela ne brille pas par l'originalité, mais à part le charlatanisme «idéologique», la définition des rapports entre Moscou et Pékin ne laisse rien à désirer. A peine est-il besoin de souligner que les dirigeants chinois n'expriment pas des opinions personnelles : Hongqi et Jenmin Jibao sont en théorie les organes du Parti, en pratique de Mao et de son équipe. Leur doctrine appliquée aux BibliotecaGino Bianco .. 259 thèmes d'actualité coïncide strictement avec celle que la « direction collective » à Moscou met en œuvre. Inévitablement, des divergences apparaissent sur des points secondaires et d'ordre intérieur, comme il y en eut toujours entre partis communistes avant le stalinisme intégral, mais elles n'entament pas l'essentiel. Tout au long de l'année 1960, la communauté de vues ne s'est pas démentie nonobstant, depuis avril, une controverse allusive et sous-jacente dont l'inanité s'avère aussi frappante que l'interprétation en reste conjecturale. SuR LE DÉSARMEMENT, Tchen Yi avait fait le 21 janvier à l'Assemblée nationale un discours appuyant à fond la politique de l'Union soviétique. A l'occasion du 9oe anniversaire de Lénine (22 avril) Hongiq donnait un article où l'on peut lire : « A l'avant-garde de tous les pays socialistes et du camp socialiste tout entier se trouve la grande Union soviétique, le premier État socialiste (...) Les idéaux de Lénine sont aujourd'hui réalisés en Union soviétique ; le socialisme est déjà instauré et à l'heure actuelle, sous la direction du Comité central du Parti et du gouvernement soviétique ayant à leur tête le camarade Khrouchtchev, la glorieuse époque de l'édification communiste est commencée. » Un discours de Lou Ting-yi, même date, proclamait que « la voie de l'Union soviétique, de la révolution d'Octobre, est celle du progrès de l'humanité tout entière » et•que « le gouvernement et le peuple chinois appuient totalement les propositions pacifiques de l'Union soviétique pour la conférence au sommet, le désarmement général et l'interdiction des armes nucléaires, ainsi que tous les grands efforts de l'Union soviétique pour la détente internationale ». Répétitions fastidieuses, mais inévitables si l'on scrute ce qu'apporte le vent <l'Est. Pour le Times de Londres (éditorial du 3 août dernier), « la discussion entre la Chine et la Russie (sic) commença quand les Chinois se mirent à défendre leurs vues lors du 9oe anniversaire de la naissance de Lénine ... », opinion largement partagée dans les milieux politiques et par la presse d'Occid~nt. En réalité, il y a des années que des « observateurs » lisent entre les lignes d'une prose dite ·marxiste-léniniste très orthodoxe les allusions révélatrices de conflit sino-soviétique et y discernent les signes annonciateurs de rupture, en contradiction avec tant de déclarations officielles et solennelles. Devant son Assemblée nationale, le 10 avril, Tchou En-lai se félicite des voyages de Khrouch-. tchev à l'étranger, se solidarise entièrement avec la politique de l'Union soviétique, en matière de détente comme de désarmement et de coexistence pacifique, et serine une fois de plus : « Le vent <l'Est continue à prédominer sur le vent <l'Ouest. » (Tchou En-lai avait déjà chaudement congratulé Khrouchtchev, le 30 septembre pré-

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