QUELQUES LIVRES n'est pas négligeable, il serait aussi plus facile d'étudier les différences essentielles entre travail libre et régime totalitaire du travail, celui-ci, notamment dans le domaine des rapports individuels, continuant d'échapper plus ou moins • • aux Junstes. On ne saurait évidemment reprocher à MM. Brun et Galland de ne pas avoir introduit d'innovations méthodologiques d'importance dans un livre qui, malgré son volume, veut avant tout servir de manuel. En revanche, il importe de signaler certains défauts mineurs qu'il serait bon d'éliminer dans des éditions ultérieures. Les références bibliographiques devraient être traitées avec plus de soin; à côté de celles qui mentionnent prénom et nom de l'auteur, titre, éditeur, lieu et date, on en trouve du genre de celle-ci (il s'agit de l'ouvrage de Michel Crozier, publié à Paris par les Éditions ouvrières) : Usines et syndicats d'Amérique, Crozier, 1951. Très souvent les ouvrages étrangers les plus importants ne sont pas mentionnés, alors qu'on fait état de ceux qui le sont moins. P. 78, parmi les ouvrages représentatifs des doctrines étrangères, on cherche en vain Lehrbuch des Arbeitsrechts de Hueck et Nipperdey, dont l'influence est prépondérante en Allemagne. Pour la doctrine soviétique les auteurs mentionnent David-Hazard, Guins et Bjœrk, tous parfaitement étrangers à cette école, alors qu'il existe en français des textes officiels, notamment La Législation du travail en URSS de Pacherstnik. Quant aux analyses scientifiques des Zagorsky, Gsovski, Salomon Schwarz, on n'en trouve nulle trace. Il semble qu'on ne puisse classer la doctrine parmi les sources du droit du travail. A plus forte raison ne saurait-on la considérer comme une des « sources étatiques » (principes constitutionnels, lois, règlements et jurisprudence), sous prétexte qu'elle aide la jurisprudence à interpréter la loi et influe sur les réformes législatives. Dans la partie consacrée au droit syndical, les auteurs énumèrent au début quatre « caractères essentiels » du droit syndical français : liberté, indépendance vis-à-vis de l'État, pluralisme, défense des intérêts professionnels (aspect modifié par l'évolution qui donne de plus en plus au syndicalisme un caractère représentatif). On s'attendrait logiquement à un exposé procédant de ces principes conducteurs. Il n'en est rien et la matière est répartie selon des critères tout différents. D'autre part, le pluralisme a-t-il vraiment sa elace parmi les « caractères essentiels» ? Pareille conce.Ption, qui implique une opposition entre pluralisme et unité, tend à effacer les différences entre unité syndicale et monopole du droit d'organisation professionnelle tel qu'il existe dans les États totalitaires ou autoritaires. Le principe de liberté syndicale s'en trouve lui-même déformé. Notons dans cet ordre d'idées qu'en comparant les pseudosyndicats espagnols, soviétiques et ceux des Biblioteca Gino Bianco 319 « démocraties populaires)> au syndicalisme authentique, les auteurs se laissent entraîner à cette conclusion : « En définitive, les oppositions sont moins accusées qu'on ne serait enclin à le penser.» C'est condamner sa propre méthode. Répétons cependant qu'il ne s'agit là que de défauts mineurs dans un ouvrage excellent. PAULBARTON. Sous l'éteignoir ,. La Presse dans les Etats autoritaires. Zurich 1959, Institut international de la presse, 205 pp. L'INSTITUT international de la presse a déjà étudié, entre autres problèmes, les pressions que les journalîstes peuvent subir de la part des pouvoirs publics là même où le principe de la liberté de la presse est reconnu. Il examine dans le présent volume la situation dans les États qui rejettent ce principe. La première partie est consacrée aux régimes communistes ; l'Espagne, le Portugal, l'Égypte et les régimes autoritaires d'Amérique latine et d'Extrême-Orient sont traités dans la seconde. C'est là, certes, une division un peu arbitraire. Elle risque d'effacer la différence fondamentale entre les régimes autoritaires, qui s'appliquent surtout à brider la presse, et les régimes totalitaires, qui l'ont transformée en un instrument essentiel de l'exercice du pouvoir. Les auteurs çe sont pas sans excuses. Les affinités entre des Etats tels que l'URSS et l'Espagne de Franco sont moins apparentes depuis la disparition de l'Allemagne hitlérienne et de l'Italie fasciste, régimes qui, du point de vue sociologique, établissaient la transition. D'autant qu'à l'égard de la presse le franquisme fait siens les interdits généraux de l'Église catholique, ce qui dissimule en partie le caractère spécifiquement totalitaire de sa politique dans ce domaine. La division d'ensemble n'a pas influé sur l'exposé des faits qui, procédant pays par pays, est d'une clarté exemplaire. Dans la conclusion, la distinction entre totalitarisme et systèmes autoritaires est marquée avec toute la netteté requise : A l'exception de l'Espagne, qui possède une doctrine de l'information bien établie, les régimes décrits dans la deuxième partie de l'ouvrage ont une politique autoritaire de l'information dictée seulement par des circonstances politiques particulières plutôt que fondée sur une idéologie. Il s'ensuit que dans ces régimes le contrôle des moyens d'information varie plus souvent au gré des circonstances. Il en est tout autrement dans les États communistes. Leur politiqu de presse dérive d'une idéologie totalitair . Dans ce système, 1 s moyens d'information s nt et n peuvent être qu'un instrument servant à réalis r l'id 1 gi incarné par le Pouvoir et à orienter l'opinion dans un en nfonne à cette idéologie . • •
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