Le Contrat Social - anno III - n. 4 - luglio 1959

240 de ces trois dernières années» 31 • Mais le concours de ces travailleurs improvisés s'est révélé peu rentable: Dans le territoire de l' Altaï, la jeunesse participait tous les ans à la rentrée des récoltes. On a même fait appel à des unités militaires dans les premières années de la mise en valeur des terres vierges. En 1957, 50.000 étudiants sont venus des autres régions de l'URSS( ...) Les étudiants et les autres catégories des travailleurs en renfort ne se rendaient utiles que sur. les aires à battre, se contentant de nettoyer le grain et d'assurer le chargement et le déchargement. C'est pourquoi, dès 1958, on a renoncé à leur concours 32 • Au Kazakhstan on est obligé de mobiliser la maind' œuvre temporaire, composée en majorité d'étudiants et d'élèves des technicums. 118.000 étudiants ont travaillé en 1956 dans les champs du Kazakhstan, 125.000 en 1957 et 160.000 en 1958 (...) Il est tout à fait indésirable d'envoyer si loin des jeunes gens, surtout en plein milieu de leurs études. En quatre ans, l'État a dépensé 590 millions de roubles pour leur seul transport (...) A dater de 1959, il est indispensable de renoncer à l'envoi au Kazakhstan de la jeunesse estudiantine pour la rentrée de la récolte 33 • Toutes ces mesures, prises en 1954-58 pour compléter la main-d'œuvre, ont certainement beaucoup contribué au progrès de l'agriculture et à l'amélioration du sort des paysans. Mais à partir de 1957 une nouvelle série de classes creuses entre dans la production. Les vides dus à la guerre sont encore élargis par la dénatalité qui résulte de l'arrivée à l'âge du mariage en 1939-46 des contingents déjà clairsemés nés en 1918-22. L'effet de ces vides va se faire sentir jusqu'en 1964 au moins. De ce fait, au cours du· plan septennal l'agriculture soviétique. va se heurter à des difficultés de main-d'œuvre à peu près identiques à celles de 1949-54. Cette constatation explique que Khrouchtchev, le Plénum de décembre 1958 et le XXI0 congrès du Parti aient mis l'accent sur la nécessité absolue d'accroître la productivité par tête de travailleur et d'intensifier le travail au profit de l'exploitation collective, ce qui entraînera la disparition du bétail non collectif et de l'exploitation privée sur le lopin individuel 34 • La mécanisation comme remède C'EST L'EXTENSION de la mécanisation dans l'agriculture et l'élevage qui peut suppléer au manque de main-d'œuvre et augmenter la productivité. 31. C.r. stén., p. 15. 32. Ibid., p. 319. 33. Ibid., p. 104. · 34. Voir notre article dans la revue Est et Ouest n° 217 Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Bien que déjà très ·répandue ·en URSS cette mécanisation exige, pour être efficace, outre un nombre suffisant de machines appropriées à chaque processus, des cadres nombreux et ayant l'expérience de mécaniques de plus en plus variées et complexes. Or, ces cadres de mécaniciens spécialisés, de « mécanisateurs », selon la terminologie soviétique, sont encore en nombre insuffisant. Un effort considérable a été entrepris pour les compléter. 328.000 jeunes ouvriers qualifiés, sortis des écoles de mécanisation de l'agriculture, ont été envoyés en 1957 dans les kolkhozes et les sovkhozes 35 • Mais ces forts contingents n'arrivent point à couvrir les besoins pressants de l'agriculture en mécanisateurs. On réclame ces derniers de toutes parts, notamment là où les terres vierges ont été mises en exploitation : Les kolkhozes et les sovkhozes du territoire de l' Altaï " ont besoin de main-d' œuvre qualifiée, de travailleurs qui sachent faire marcher le tracteur, la moissonneusebatteuse, le camion automobile, le moteur, la faucheuse, etc. Pour le début des travaux des champs en 1959, notre région a besoin d'au moins 100.000 mécanisateurs, afin que chaque tracteur et chaque machine puisse fonctionner avec deux équipes. Nous devons donc former au cours de l'hiver plus de 40.000 niécanisateurs aux spécialités multiples( ...) Leur instruction est déjà commencée dans des cours, écoles et clubs variés. Les travailleurs des services du district, comptables et employés, y étudient déjà, ainsi que des kolkhoziens et sovkhoziens valides et sachant lire. Dans beaucoup de districts cette instruction est menée de façon à mettre tout le monde au volant de la machine au moment du « coup de feu » 36 • Etant donné la rigueur de l'hiver dans 1 e territoire de l'Altaï et la difficulté d'utiliser en cette saison les tracteurs et les machines agricoles, ·on peut se demander si une instruction hâtive sera suffisante pour permettre à ces mécanisateurs de bien manier et surtout de bien entretenir des engins aux mécanismes parfois assez délicats. Quant aux mécanisateurs professionnels, il ne suffit pas de les affecter ·aux kolkhozes et aux sovkhozes, il faut encore les retenir au lieu de leur travail. Dans l'état actuel du village ou du sovkhoze soviétique, ce problème n'est pas si facile à résoudre. Ainsi· dans la région d'Orenbourg : Le principal défaut dans la marche des sovkhozes est l'instabilité des cadres mécanisateurs. En ·règle générale, ce sont des jeunes, frais émoulus des écoles de mécanisation de l'agriculture, qui sont envoyés dans les sovkhozes. Environ sept mois de l'année, ils doivent vivre sur le terrain, dans des campements ou des roulottes, dont la majeure partie n'est pas aménagée. 35. GBS, Annuaire 1958, p. 56, 36. C.r. stén., pp. 319-320. •

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