Le Contrat Social - anno III - n. 3 - maggio 1959

E. DELIMARS ses travaux ne sont pas suffisamment dirigés et plusieurs de ces établissements de recherche ne remplissent pas leurs devoirs. Parmi les savants soviétiques, dont « les travaux ont obtenu au cours de ces dernières années la reconnaissance générale», Khrouchtchev cite en premier lieu T. D. Lyssenko, puis l'académicien octogénaire K. I. Skriabine, helminthologue de renommée mondiale, et huit créateurs de nouvelles variétés améliorées de tournesol, de betterave sucrière, de pommes de terre, de thé, de céréales et de maïs. Cet hommage une fois rendu, il met aussitôt au pilori deux spécimens de « nos établissements scientifiques qui ne peuvent nullement servir d'exemple aux kolkhozes et se sont isolés de la vie » : il s'agit de l'Institut de recherche scientifique concernant les fourrages, sis dans le district de Krasnaïa Poliana (région de Moscou) et du laboratoire des aliments alb11mineux de l'Institut de l'élevage. Le travail de l'Institut des fourrages fut récemment critiqué très fort par la Pravda. En effet, la récolte moyenne par hectare de la masse verte du maïs s'est élevée en 1958 dans le district de Krasnaïa Poliana à 402 quintaux, atteignant dans certains kolkhozes 506 et même 550 q11intaux. Au kolkhoze « Maïak » dont les champs touchent à ceux de l'Institut, la récolte était de 437 quintaux. « Combien pensez-vous que l'Institut ait récolté ? Les travailleurs de cet Institut ont obtenu en 1957 68 quintaux par hectare et 160 quintaux en 1958. Pour l'alimentation des animaux de sa ferme en 1958 l'Institut avait employé 458 q11jntaux de fourrage concentré de sa propre production et 1.970 q11intaux fournis par l'État. A l'Institut le prix de revient de ce fourrage s'est élevé à 84,21 roubles le quintal, tandis que l'État le vend de 21 à 41 roubles. Le prix de revient pour la masse verte ensilée de maïs est à l'Institut de 17 roubles le quintal, ce qui dépasse de cinq, six et même dix fois ce prix dans les autres exploitations. L'Institut dépense I 0,5 unités de nourriture pour augmenter d'un kilo le poids de ses porcs, c'est-à-dire plus du double de la norme. Il ne faut donc pas s'étonner que le prix de revient d'un q11intal de viande de porc soit de 1.510 roubles à ·cet Institut. · · · « Quelle aide peut donc apporter un ·tel Institut aux kolkhozes et aux sovkhozes s'il n'est même pas capable d'assurer la nourriture de la petite q11antité de bétail qui lui appartient ? » 4 • Q•1ant au Laboratoire des aliments albumineux, dirigé par S. S. Pérov, de l'Académie Uoine des sciences agronomiques, « l'État a dépensé rien qu'en 1949-1957 près de 3 millions de roublespour entretenir ce laboratoire qui n'a donné aucun résultat ». Khrouchtchevcite deux expériences • d'alimentationintensede pourceaux en vue d'obtenirde la viande» faites par l'.académicien Pérov. Dans la première expérience, 4- 0,. dt., p. 84Biblioteca Gino Bianco 153 en 78 jours d'alimentation intense un pourceau de 59 kilos a gagné 4,7 kilos, et un pourceau de 55 kilos, dans la deuxième expérience, n'a rien gagné du tout en 90 jours de suralimentation. Les résultats des travaux de ce genre sont camouflés par S. Pérov sous un entassement de termes savants qui « leur donne une allure pseudoscientifique ». Ainsi « un chapitre de son étude porte le titre alambiqué d'Ëtude chromotographique, électonomicroscopique, électrophorétique, potentiométrique et calorimétrique des albumines. C'est un tel amas de termes que l'on s'efforce de faire passer pour de la science ! » 6 • La Faculté de biologie de l'Université de Moscou n'est pas non plus épargnée par Khrouchtchev : Au printemps de 1958, les travailleurs de cette faculté se sont intéressés à un thème très actuel, Le Freux et son rôle dans l'agriculture. Un collaborateur scientifique de cette faculté avait établi un questionnaire qui fut envoyé aux présidents des kolkhozes et autres travailleurs de l'agriculture, dans lequel il écrit : « Le freux est un oiseau très répandu, mais malgré cela son importance agronomique reste encore douteuse jusqu'aujourd'hui.» L'auteur de ce questionnaire cherche à « apprécier objectivement l'importance des freux dans l'agriculture». En soumettant de telles questions aux kolkhozes et sovkhozes comme des problèmes d'actualité, les savants de cet acabit ne se rendent-ils pas eux-mêmes pareils aux freux dont l'utilité pour l'agriculture reste encore douteuse ? Ces faits prouvent que nous avons encore des savants qui se sont isolés des kolkhozes et des sovkhozes, des savants dont les sujets de recherches sont chimériques et parfois ne visent que l'amélioration de leur bien-être personnel et nullement l'aide à la production. Il est impossible de tolérer plus longtemps des phénomènes aussi honteux dans le travail de certains instituts 6 • Pour pallier cette situation, qui n'est pas nouvelle et qui, à maintes reprises, fut déjà signalée par le Parti au cours de ces dernières années, Khrouchtchev propose aussitôt un remède souverain en appliquant aux établissements de recherche scientifique le principe de l'intéressement particulier aux résultat~ de leur travail : Comment de tels faits sont-ils devenus possibles dan~ nos conditions ? La faiblesse de la direction et du contrôle exercés sur l'activité des établissements de recherche scientifique y est certainement pour beaucoup. Mais · te système de rémunération des savants qui travaillent dans le domaine agronomique y joue également un rôle essentiel. Actuellement l'Etat assure le financement indépendamment des résultats du travail scientifique fourni. Avec ce régime certains savants se considèrent comme des francs-tireurs libres. Qu'ils fournissent ou non à la production une proposition utile, cela n'influe nullement sur leur budget. 11 faut donc étudier la possibilité de lier dans une certaine mesure la rémunération des travailleurs des instituts de recherche pour l'agriculture, l'élevage, la mécanisation, aux résultats de leurs réalisations scientifiques appliquées à la production. 5. Op. cit., p. 85. 6. Ibid., p. 85.

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