Le Contrat Social - anno III - n. 3 - maggio 1959

B. SOUY ARINE sur le ~ territoire de leur République lors de l'invasion, sauf dans la petite localité frontière de Malgabek peuplée de Russes. Leur seul «tort» fut d'avoir été réfractaires à la colonisation communiste. La Petite Encyclopédie . Soviétique (tome 9, col. 809-811) note que « la Tchétchnia a été intégrée aux colonies de l'empire russe au Caucase et soumise à un pillage colonial effréné». Cette politique coloniale, reprise par Staline à son compte, mais au décuple d'arbitraire, rendue intolérable par la désislamisation et la collectivisation agraire auxquelles les tsars n'ont jamais songé, devait susciter la résistance farouche d'un petit peuple fidèle à ses us et coutumes nationaux et religieux. • Dans l'armée, les Tchétchènes et les Ingouches étaient peu nombreux, en raison du problème alimentaire qu'aurait posé, pour la grande majorité d'entre eux, l'abstention de consommer la viande de porc. Ils se trouvaient moins nombreux encore parmi les prisonniers de guerre et quelques dizaines seulement se laissèrent tenter quand les Allemands recrutèrent par centaines de milliers les Russes qui se firent volontaires pour combattre non la Russie, mais le despotisme communiste. L'accusation de « collaboration » n'était donc qu'allégation perfide pour motiver une entreprise de génocide inexcusable. En· vérité, les Tchétchènes-Ingouches se dressèrent en 1929 contre les exactions et les violences de la collectivisation des terres et des biens, entraînant par leur exemple d'autres montagnards du Daghestan, leurs voisins, des Kabardes, des Balkares, des Karatchaïs, des Ossètes. Leur révolte, que dirigèrent les frères Istamoulov dans l'illustre tradition de Chamil, ne prit fin qu'en avril 1930 après l'intervention de plusieurs divisions d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie, mais aussi quand Staline eut feint de réviser sa politique, de renoncer à la collectivisation forcée, de donner quelque satisfaction aux montagnards exaspérés. Cependant chaque trêve était rompue avec félonie par les agents du pouvoir central et suivie de nouveaux actes meurtriers, d'exécutions d'otages, de guérillas, de provocations, de représailles. Jusqu'aux rafles totalement arbitraires opérées en août et septembre 1937 où quatorze mille personnes, odieusement incarcérées, empilées dans des prisons régulières et des prisons improvisées, furent vouées à la mort sans phrases ou à la mort lente par la déportation. Une fois de plus, et par milliers, poussés à bout, des partisans insurgés prirent le maquis. De nouvelles vagues d'arrestations eurent lieu en octobre et novembre, la même année 1937, pour inculper de complot imaginaire les élites locales dont la police voulait la perte. De faux aveux extorqués sous la torture au cours d'une u instruction» qui dura trois ans furent rétractés lors des procès consécutifs, mais bien des inculpés avaientsuccombédansdes supplicesabominables. iblioteca Gino Bianco 147 Au début de 1940, un autre mouvement de partisans commandé par Hassan Israïlov gagna dans la montagne les proportions d'un véritable soulèvement. Alors Staline était encore de connivence avec Hitler et par conséquent il ne s'agissait nullement d'aider l'Allemagne. « Les courageux Finlandais montrent à l'heure actuelle qu'un grand empire esclavagiste est impuissant contre un petit peuple attaché à ses libertés. Au Caucase, vous trouverez devant vous une deuxième Finlande et d'autres nations opprimées suivront notre exemple », écrivait Israïlov. De nouveaux soulèvements renforcèrent le sien. L'aviation soviétique bombarda sans discrimination les aouls en 1941 et 1942, faisant une hécatombe de femmes, de vieillards et d'enfants. Ces forfaits inexpiables préludaient au crime final de 1944, l'annihilation de tout un peuple. MAIS d'autres groupes ethniques de l'URSS ont encouru la vindicte de Staline. Le décret de « liquidation » des TchétchènesIngouches « liquidait » aussi les Tatares de Crimée. Auparavant, ceux-ci avaient enduré les mêmes épreuves que leurs congénères mahométans du Caucase, les mêmes pillages, les mêmes répressions, les mêmes brutalités sanglantes. Sous la botte des colonisateurs communistes, la minorité islamique de l'ancienne Tauride durement affectée par les famines, puis par les déportations, surtout pendant la collectivisation agraire, se réduisit environ de moitié, tombant à quelque 150.000 âmes. On peut dire qu'un génocide avant la lettre était en cours, dès avant la guerre. Les leaders communistes locaux essayèrent en vain de modérer les rigueurs ordonnées de Moscou : une balle dans la nuque fit taire les uns après les autres tant les commissaires du peuple que les membres de !'Exécutif des soviets. Accablés sous les privations et la terreur, les derniers musulmans de Crimée ne pouvaient évidemment s'abstenir d'espérer la délivrance quand les Allemands envahirent leur pays en prodiguant les promesses mensongères. Les Tatares n'eurent pas à se féliciter de la nouvelle occupation raciste et d'esprit non moins colonisateur. Après le reflux germanique, la réaction communiste s'avéra implacable et se traduisit par la déportation totale des musulmans, équivalant à l'extermination éhontée de ces pasteurs et vignerons paisibles. Le même destin pitoyable échut aux Karatchaïs et aux Balkares, petits peuples mahométans d'origine turque et mêlés de Tcherkesses, au Caucase. L'histoire récente des Karatchaïs se lit dans les articles de Mahmoud Arslanbek : L'exterminationdu peuplekaratchaipar lesSoviets

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