Le Contrat Social - anno III - n. 1 - gennaio 1959

CORRESPONDANCE capitalisme d'État, etc. (et en dernier lieu dans le livre intellectuellement minable de Djilas), sont dans Rizzi. Je ne partage pas les idées ni la méthode d'analyse de Rizzi (qu'il considère d'ailleurs comme marxistes) . Mais son livre, en dépit d'un style invraisemblable, a un son d'intelligence authentique et témoigne d'une passion et d'un sens profondément sincère du drame prolétarien, qui contrastent avec les aigreurs superficielles des scholars qui lui ont succédé. PIERRE NAVILLE Nous avons également reçu une lettre de Bruno Rizzi, mais trop tard pour l'insérer dans le présent numéro. Elle sera publiée dans le numéro prochain. Kremlinologie A propos du compte rendu, par B. Souvarine, du livre de M. Myron Rush sur Khrouchtchev, (notre numéro 5 de 1958), nous avons reçu de B. Nicolaïevski la lettre que voici : Je lis avec grand intérêt vos articles, et j'applaudis tris souvent de tout cœur à votre lutte contre lesfalsifications et l& spéculations de toutes sortes de « kremlinologues ». Votre dénonciation du faux « Journal de Litvinov» cuisiné par Bessedovski sous l'égide du professeur Carr est de très grand mérite. Mais ces derniers temps, la lecture de vos articles suscite en moi une impression ambigul. J'avoue ne pas comprendre entièrement votre propre point de vue. Comment répondez-vous à la question essentielle : Y a-t-il à Moscou, au sommet de la dictature, une certaine lutte et existe-t-il certains groupements, ou ne croyez-vous pas à cette lutte i Ou bien inclinez-vous à penser, comme beaucoup de gens dans l'émigration russe de droite, qu'il s'agit exclusivement au Kremlin d'une lutte pour le pouvoir dans un panier de crabes i Si lutte il y a, comment la voyez-vous i Je m'efforce de comprendre votre point de vue, mais en vain. Or vos articles sont pris en considération et il importe que vous définissiez votre • conception. B. Nicolaïevski fait donc allusion non seulement à la critique du livre de M. Myron Rush, dans le Contrat social, mais à nombre d'articles où B. Souvarine, dans Est et Ouest, dans Esope, dans Contacts, etc., a fait justice de toute une littérature trompeuse sur l'Union soviétique. Voici la réponse de B. Souvarine : B. Nicolaievski mêle ici deux catégories distinctes de productions, qu'on ne devrait pas confondre : celle, méprisable, de faussaires et d'escrocs qui se moquent sciemment du monde et inventent n'importe quoi pour make money (et à laquelle appartient le faux J oumal de Litvinov) ; et celle, discutable, de journalistes et de commentateurs qui, ne sachant pas ou ne comprenant pas ce qui se passe au Kremlin, s'efforcent de reconstituer à leur façon l'inside &tory en s'aidant d'indices plus ou moins révélateurs et de «spéculations» plus ou moins bien fondées. Il faut distinguer entre ces deux ordres de choses. En ce qui concerne les faux et les faussaires, à chacun ion d12.Avant de dénoncer le faux Journal de Litvinov, j'en ai signalé toute une série prOtJenantde l'officine Bessedovski, et encore d'autres apris, mais n'ai pas été seul. Rys11a,d Wraga, dans la Renaissance, a démasqué le faux Cyrille KalinOtJ, et G. Denike aussi, dans Novy Journal. G. Dmike a réglé le compte du faux colonel Khralov et le Times, d, Londres, celui du faux Ivan Biblioteca Gino Bianco 61 Krylov. Ce dernier a été exécuté, en outre, par Michel Koriakov dans Novoié Rousskoié Slovo. Le faux Khralov entre dans la composition de Behind Closed Doors, mixture scandaleuse de l'amiral Ellis Zacharias faite de ragots fournis par Bessedovski, reproduite dans le Figaro. A la même série appartient le faux Vlassov et les trois livres signés du faux Boudou Svanidzé ainsi que le faux Biew (sur Kapitsa) et le faux Tansky (sur Joukov). Ajoutons-y le Vrai Staline, d'Yves De/bars, auteur de nombreux articles de la même encre, contre lesquels j'ai mis en garde. Ryszard Wraga a rendu un signalé service en rapportant des propos textuels de Bessedovski, notamment : « Moi, j'écris des livres pour les idiots » ( B.E.I.P.I., n° 139), propos très flatteurs pour les journaux et les éditeurs qui ont accepté sa prose. Bertram Wolfe mérite aussi un hommage pour ses articles Adventures in Forged Sovietica, dans le New Leader. La coupable industrie du faussaire semble à présent moins prospère, mais on a encore vu récemment un J oumal intime de l'impératrice de Russie << rendu public grâce à Gregor Bessedovski, un des témoins du drame». Le fumiste et plagiaire Isaac Deutscher n'oserait plus se référer au faux Svanidzé, pas plus qu'on ne cite le faux Essad Bey pourtant édité chez Payot. Après ce rappel sommaire, pour bien situer des choses dont il n'avait pas encore été question dans le Contrat social, la voie est libre pour traiter de la kremlinologie, qui relève d'une tout autre rubrique. En cette matière, j'ai eu à critiquer beaucoup de ces « spéculations » qui induisent en erreur non seulement le public, mais en outre les dirigeants, comme on a pu le constater maintes fois par des déclarations officielles démenties par les faits. Et ce sont les faits qui départagent les controversistes de bonne foi. Analysant la kremlinologie de M. Myron Rush, je n'avais pas à formuler une thèse sur les dissensions au Kremlin; mon « point de vue», comme dit B. Nicolaievski, a été exprimé depuis la mort de Staline dans nombre d'articles qu'il est impossible de résumer chaque fois que le sujet se présente. J'avais d opposer des objections aux affirmations sans preuves de M. Rush et à critiquer sa méthode d'exposition, ses procédés de raisonnement, ses déductions _et inductions faites à la légère, ses ignorances, ses certitudes, son style. A part cela, tout le monde sait que Khrouchtchev est le premier secrétaire du Parti, donc prunus inter pares, donc le boss, et il n'était pas nécessaire d'écrire cent pages pour le prouver, en consultant à cet effet dix-sept personnes. Aux questions de B. Nicolaievski, je réponds que, contrairement au kremlinologistes qui racontent tout ce qui s'est passé la semaine précédente derrière les murs épais du Kremlin, j'ignore « une certaine lutte» entre « certains groupements» à l'heure actuelle, me bornant à prendre acte des faits et des signes évidents en essayant de les coordonner à l'aide des connaissances antlrieurement acquises sur le milieu, les traditions, le modus operandi des disciples de Staline, sans méconnaître leurs efforts (assez vains) pour se rattacher plut8t à Lénine. Je ne retiens donc pas les gossips de Varsovie et de Belgrade, tout en admettant qu'il y ait eu un moment, passager, où des indiscrétions utiles à retenir ont filtré par là ( tÜ même qu'il y a eu occasionnellenient une indiscrétion par l'Unità au sujet du « groupe antiparti >> J. On ne peut prétendre qu'à une ignorance éclairée, en la matiir,, à court ternie; à plus long terme, il devünt possibl, de reconstituer schématiquenient des épisodes quand suffisamment de données et d'indices se sont accumulés, ,t à condition de ne pas oublier tout ce qu, le passé nous mseigne, de ne pas attribrur aux bolchhliks des comportements occid,ntaia. Se r,port,r aux pr,c,d,nts r,st, la méthod, la plus sQr,, ,tant 1nt1ndu p',n quarant, ans ri n n'est

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