298 Lo~que je sortis de cette région et que je me trouvat enfin à l'abri de tout danger, la singulière chaleur dont j'avais été pénétré disparut tout à coup, et il ne me resta rien que j'eusse pu prendre pour une agitation fébrile. Il est incontestable, toutefois, que la sensation que je venais d' éprouver, n'a rien qui puisse la faire désirer; et que parmi les plus vaillants guerriers, je n'en ai pas connu un seul qu'un penchant passionné ait poussé à se la procurer. La journée touchait à sa fin ; les Français étaient restés immobiles, à l'exception de Kellermann, qui avait pris une position plus favorable. Celle des alliés était toujours la même, et sans la sombre consternation qui régnait dans le camp, on aurait pu croire qu'il ne s'était rien passé. Le matin encore on n'avait songé qu'à embrocher, et à manger en masse tous ces Français, maintenant on n'osait plus ni se parler ni se regarder ; et si on· s'adressait la parole, c'était pour maudire cette expédition. Moi-même je commençais à me ' Biblioteca Gino Bia co • PAGES RETROUVÉES repentir de mon aveugle confiance aux talents du duc de Brunswick, puisqu'elle m'avait poussé à vouloir être témoin oculaire de ses victoires. Il faisait déjà complètement nuit, lorsque je me trouvai enclavé dans un vaste cercle, au milieu duquel on n'avait pas même osé all11merdu feu. Le plus grand .nombre des personnes, dont se composait ce cercle, gardait un morne silence ; quelques-unes exprimaient leurs craintes sur les résultats de cette journée, puis on finit par me demander ce que j'en pensais. - Je pense, dis-je, que, sur cette place, et à partir de ce jour, commence une nouvelle époque pour l'histoire du monde ; et nous pourrons dire : J'étais là ! · •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• GŒTHE , •
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==