Le Contrat Social - anno II - n. 4 - luglio 1958

254 On oublie aussi, à propos de la révolte des écrivains hongrois, qu'elle se produisit à la suite de l'ébranlement sérieux du ·régime marqué par le remplacement de Rakosi par Imre Nagy en juillet 1955. Et nous savons aujourd'hui, par le témoignage de Nagy, que cet ébranlement fut l'œuvre de révoltes ouvrières et paysannes en Hongrie même comme en Tchécoslovaquie et dans l'Allemagne de l'Est. En somme, Karl Marx serait mieux réhabilité si, en étudiant les événements dans l'empire soviétique, on fais ait le départ entre le soulèvement des opprimés et la décompoposition du régime qui en résulte. C'est sur cette toile de fond qu'il faut situer le phénomène complexe de l'opposition des hommes antérieurement intégrés dans l'appareil du pouvoir: écrivains, intellectuels, militants du Parti. Il se révèle alors que la sincérité des fanatiques est autrement explosive que l'opportunisme de ceux qui, en servant le régime, « n'ont pas cessé de discerner la vérité du mensonge, le fait de la fiction ». Tabler sur des partis fantoches tolérés dans certaim pays satellites serait encore plus illusoire que de considérer les intellectuels comme étant les piliers de l'opposition. Pendant la révolution hongroise, la population a montré ce qu'elle pensait des dirigeants de ces partis, même de ceux qui avaient connu la disgrâce et la prison. Et ces hommes n'avaient nullement besoin · de la démonstration pour être eux-mêmes fixés sur les sentiments qu'ils inspiraient aux opprimés. Autant dire qu'ils sont les derniers intéressés au triomphe de la liberté. Cependant, je n'entends nullement ramener la conception de S. Hook à une connaissance insuffisante du monde soviétique. La « perspective d'évolution» a été préconisée avant lui par un auteur auquel on ne saurait opposer ce grief; il s'agit de Bernhard Roeder, dont le livre Der Katorgan (Cologne-Berlin, Verlag Kiepenheuer und Witsch, 19.56) revue /1istoriq11eet critique Jes faits et Je1 iJées Rédaction - Administration: ' 165, rue de l'Université, Paris 1• SOLférino 43-30 Abonnements: voir tarif au dos de la couverture. - OSCAR J. HAMMEN,professeur à l'Université d'État de Montana où il dirige les études d'histoire et de science politique, achève un ouvrage sur l'histoire de l'Europe de 1830 à 1850. - EMMANUELBERL, après avoir fondé avec Pierre Drieu La Rochelle la revue Les Derniers jours, au lendemain de la première guerre mondiale, a collaboré successivement à Monde d'Henri Barbusse et à Europe de Jean Guéhenno. Il a ensuite assuré la direction de l'hebdomadaire Marianne et de la ·revue Pavés de Paris. Emmanuel Berl est l'auteur de nombreux essais, parmi lesquels Mort de la pensée bourgeoise (1926), La Politique et les partis (1932), Discours aux Français (1936), Prise de sang (1946) et La France irréelle (1957). 11 a également publié une Histoire de l'Europe (1947) et a occupé, en 1947-49, la chaire d'histoire européenne au Collège de l'Europe, à Brug~s. -.PAUL BART0N, après avoir quitté .l'Université de Prague en 1948, a publié à Paris les ouvrages suivants : La Communauté européenne de détente (1954); Prague à l'heure de Moscou (1954); Salariat et contrainte en TchéBiblioteca Gino Bianco LB CONTRAT SOCIAL donne le meilleur témoignage oculaire récent sur le mond, soviétique. Pour tous deux, la découverte de la « perspective d'évolution » résulte du découragement consécutif à l'écrasement d'une insurrection; Roeder y fut amené par son expérience humiliante de bagnard exhorté à travailler plus vite ... par ses propres codétenus de la veille, libérés du camp de Vorkouta après avoir été autant que lui les héros d'une grève insurrectionnelle. D'où viennent les réformes du système soviétique 1 L'expérience montre sans équivoque que le moindre changement entraînant une concession à la population, même s'il s'impose en fonction des données de la situation, doit être arraché aux hommes au pouvoir par une lutte plei,u de périls et de sacrifices. Quelle est la nature des réformes~ En fait, parmi la modifications apportées au système au cours des dernières années, il y en a qui allègent le sort des opprimés, mais d'autres l'aggravent. Plutôt qu'à un dégel ou· à une humanisation du totalitarisme, on assiste à une révision générale de ses instruments et méthodes, que l'on ne saurait caractériser de façon adéquate en termes de bien et de mal. Où mènent les réformes ~ S. Hook a raison d'insister sur le dynamisme de chaque concession faite par un régim, totalitaire et de déclarer que « l'espérance inspire la volonû d'agir». Or, il s'ensuit que, dans les conditions du totalitarisme, les concessions des oppresseurs poussent les opprimés à l'insurrection. Bref, s'il y a une perspective de liberté pour- les sujet$ de l'empire soviétique, elle consiste dans · une série de soulèvements nouveaux, de plus en plus vialents et de moins en moins •localisés. C'est là, certes, une perspective apocalyptique. Mais un système qui est apocalyptique lui-mêm4 ne saurait connaître une fin sereine. PAUL BARTON coslovaquie (en collaboration avec Albert Weil, 1956); Conventions collectives et réalités ouvrières en Europe de l'Est (1957). - EUGENERABIN0WITCH, rédacteur en chef, depuis 1945, du Bulletin of Atomic Scientists publié à l'Université de Chicago, dirige les recherches de botanique à l'Université de l'Illinois. Spécialiste de la photosynthèse et de la photochimie, il a publié de nombreuses études sur différentes questions scientifiques et sur les problèmes politiques et sociaux. - LUCIEN LAURAT,un des hommes les plus versés . dans le .marxisme, l'économie politique, les théories des crises, les problèmes de la planification et l'économie soviétique, a notamment publié avant la guerre: L' Accumulation du capital d'après Rosa Luxembourg (1930); L'Économie soviétique (1931) ; Cent années d'économie mondiale (1931) ; Economie dirigée et socialisation (1934). Professeur à l'Institut supérieur ouvrier et au Collège du travail de la CGT, certaines séries de ses cours ont été réunies dans les recueils : La Crise mondiale (1935) et Histoire des doctrines économiques (1937). Après la guerre, ses principaux ouvrages ont été : Le Manifeste Communiste, de 1848 et le monde d'aujourd'hui ( 1948) ; puis Déchéance de l'Europe (1948), Staline, la linguistique et l'impérialisme russe (1951), Du Komintern au Kominform (1952), Le Drame économique et monétaire français (1953), enfin Problèmes actuels du socialisme (1955) et Bilan de vingt-cinq ans de plans quinquennaux (1955). lMPR~MERIE TYPOGRAPHIQ,UE D'ÉDITION · 45, rue Colbert - Colombes (Seine) · Le gérant: L. Cancouët Dép6t légal: 38 trimestre 1958 Imprimé en France

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