Le Contrat Social - anno II - n. 4 - luglio 1958

QUELQUES LIVRES Le philosophe dans l'action JEAN LASSAIGNE: Maine de Biran homme politique. Préface de HENRI GouHIER. Paris, La Colombe, 1958. « JE SUISné pour spéculer plus que pour agir», disait de lui-même le célèbre philosophe. Il est assez curieux que la politique ait été constamment le violon d'Ingres de ce grand esprit qui n'avait manifestement aucune qualité pour y réussir puisqu'il était dépourvu aussi bien de talent de parole que d'esprit d'intrigue ou de décision. Maine de Biran a été cependant tour à tour adtninistrateur de département après Thermidor, député sous le Directoire, conseiller de préfecture, sous-préfet et député sous l'Empire, député et conseiller d'État sous la Restauration. On voit qu'il s'agissait plutôt d'un fonctionnaire politique que d'un homme politique. Comme il a servi les régimes les plus divers, on pouvait le prendre extérieurement pour une simple « girouette » et c'est à ce titre que le considéraient ses compatriotes de Bergerac en l'appelant « Moussu Virant ». Cependant M. Lassaigne montre qu'il fut toujours profondément un honnête homme et que si l'on peut lui faire grief parfois d'un jugement politique assez borné, il n'y a lieu de lui reprocher aucune lâcheté personnelle. Il fut même assez courageux lorsqu'au sein de la Chambre introuvable, il n'hésita pas à combattre les ultras au nom de son principe essentiel de modération. Ces ultras qui lui paraissaient une autre espèce de révolutionnaires lui faisaient peur. La constante de son attitude, c'est qu'il fut toujours un homme du centre droit, un libéral réactionnaire, ce que son exemple montre n'être pas une contradiction dans les termes. Les doctrines politiques de Maine de Biran ne sont certainement pas à la hauteur du reste de sa philosophie, mais restent pourtant assez curieuses à considérer comme expression d'un tempérament. On parlerait plutôt de doctrine antipolitique puisqu'il était persuadé que la politique pourrait etrc l'aff&1re du Souverain plut:61q:ue des particuliers,ce Souverainjouant Bibli teca Gino Bianco essentiellement l'arbitre. Il aimait avant tout l'ordre, mais pour lui comme pour Royer-Collard, l'ordre c'était avant tout « le repos ». Ce qui explique son attitude ambiguë vis-à-vis de Napoléon qu'il estimait « homme fort » mais dont il réprouvait les aventures guerrières. On peut le dire réactionnaire jusqu'à la moëlle puisqu'il n'était même pas favorable à la liberté ·de la presse (pp. 155-57), tandis qu'il préconisait comme moindre mal le suffrage censitaire. Certaine manière violente d'être un homme d'ordre n'a jamais été la sienne et c'est pourquoi il désapprouvait les ultras assoiffés de vengeance et de lois d'exception, soutenait le principe de l'amnistie la plus large en faveur des ex-révolutionnaires, précisément pour n'en pas perpétuer l'espèce. Il pressentait cependant à la fin de sa vie que le cours des choses irait à l'encontre de ses plus chères aspirations et que ce n'en était pas fini des révolutions. Son comportement politique fait honneur à son honnêteté plutôt qu'à sa lucidité. L'interrogation qui subsiste est celle de savoir ce q.u'un homme tel que lui allait faire dans cette galère qu'il était aussi peu fait que possible pour manœuvrer. AIMÉ PATRI Un bilan des for ces de paix BORISGouREVITCH: The Road to Peace and to Moral Democracy. An Encyclopedia of Peace. [La voie de la paix et de la démocratie morale. Encyclopédie de la paix]. New York, International Universities Press, 1955, 2 vol., XIII-1083 et XXVI-1540 pp. CE MONUMENTALouvrage de plus de 2 600 pages n'est évidemment pas destiné à la lecture continue. Ce n'est pas non plus, en dépit de la richesse extraordinaire de son information, un recueil de faits et de textes offerts à la consultation. L'auteur a un dessein bien défini : contribuer au maintien de la paix, à la fois au sein des États par le développement universel des institutions démocratiques, et entre États par le pcrf ection-

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