Le Contrat Social - anno II - n. 3 - maggio 1958

PERSP_ECTIVES D'ÉVOLUTION par Sidney Hook CERTAINS ÉVÉNEMENTS depuis la mort de Staline en mars 1953 posent le problème de ce qu'on peut appeler une « libération par voie évolutive ». Il s'agirait d'une transformation graduelle, sans rupture avec l'idéologie traditionnelle du marxisme-léninisme, du système communiste totalitaire, d'une évolution de ce système vers une culture imprégnée de liberté, vers une société ouverte, où les droits essentiels dans l'ordre politique et culturel seraient légalement reconnus et existeraient réellement. Certes, il est impossible de prévoir si une telle transformation se produira effectivement, et à quel moment. Cela dépend de nombre de facteurs qui n'entrent pas ici en ligne de compte, le but du présent article étant simplement de poser. la question suivante : Une telle transformation est-elle possible ? et, dans l'affirmative, quels sont les éléments qui se prêteraient à cette évolution tant dans l'idéologie marxiste traditionnelle que dans la théorie et la pratique communistes actuelles ? Retour à Marx Sans doute, l'idéologie du marxis1ne et du léninisme ne peut être, d'une façon si simple, ramenée à un idéal de liberté humaine. Cependant, quiconque connaît l'histoire des idées sait que, sous les mêmes termes génériques et dans l'obédience des mêmes doctrines, se rencontrent les personnalités, les croyances et les pratiques les plus diverses. En tant que religion séculière, le communisme a été comparé au christianisme, et m~mc défini par Toynbee- à tort, croyons-nous - Biblioteca Gino Bianco comm~ une secte chrétienne. Or, il suffit de considérer dans toute sa ricl1esse le prisme des croyances qualifiées de « chrétiennes » pour saisir la diversité, mais aussi l'incompatibilité de maints de leurs éléments. L'histoire du christianisme n'est en grande partie que celle des changements profonds, tant de doctrine que de pratique, qu'y ont introduits des hommes qui - loin de rien innover - prétendaient seulement revenir à la pure essence de la doctrine. Cette évolution de la pensée chrétienne - et des pratiques d'organisation qui en découlent - est un thème inépuisable. Si le christianisme (à la différence de sa forme ancestrale, le judaïsme) est une religion universelle, nous le devons à l'intervention du premier grand révisionniste : saint Paul ; sans l' Apôtre des gentils, le christianisme eût pu demeurer, avec l'assentiment des disciples in1médiats du Christ, une simple secte juive. La réforme intérieure de Paul fut la première dans l'histoire de la chrétienté, et bien d'autres devaient la suivre. Plus frappants encore sont les grands mouvements d'adaptation intellectuelle dont le christianisme s'est montré capable au contact d'autres croyances. Il réagit d'abord, presque invariablement, en t~xant d'hérésie et e11proscrivant ces systèmes étrangers. Mais il finit par les assimiler tous, les uns facilement, les autres au prix de grandes difficultés. Qu'on maintienne tant qu'on voudra la devise se111per eadem, les changements irréversibles d'ordre social, scientifique et technique n'en entraînent pas moins des changements correspondants de doctrine, de dogme, et surtout de conduite. Dire que s ules changent les manifestations, les formes extrinsèques de la foi, c'est oublier combien est inconsistante la distinction entre l'intrins que et l'cxtrin que

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