Le Contrat Social - anno II - n. 2 - marzo 1958

68 " • J . ' désormais corrompue et minée par la présënce arabo-communiste) - tous ces efforts semblent accomplis en pure perte. . · Les bénédictions américaines : prospérité, èontenteÏnent économique des masses, libertés privées et pubµques, quoique appréciées encore p_arla plupart des gens aux États-Unis et enviées par· des millio~s 4'Européens en· deçà de l' Atlantique, n'ont ·pu s'étendre à une majorité des populations du Vieux ou même du Nouveau Monde. D'ailleur~ lesdites bénédictions pouvaient . ' . . . rarement convenir a ceux qui gouvernaient ces populations : oligarchies, diétatures, féodalités et tyrannies de toutes espèces. L'exemple du « pays de Dieu » ( Gad's own country) n'a pas suffi à « assurer le salut mondial de la démocratie » (make the world safe f ot democracy). Chose plus grave, ce qui tient lieu de « leadership » aux démocraties a parfois réussi à freiner, mais n'a presque jamais empêché l'irruption du communisme, la rupture des fronts eurasiatiques du monde libre; ni la manœuvre d'encerclement non moins dangereuse qui se poursuit sous le rideau de fumée des xénophobies pseudo-nationalistes afro-asiatiques; ni l'agression permanente du panarabisme, lequel tend à graviter maintenant vers la masse centrale de l'Eurasie communiste. Une partie notable de l'humanité encore insoumise, y compris ce qui reste de nations civilisées le long de la Méditerranée et en Europe continentale, est donc forcée bon gré mal gré de se frayer une voie de salut par ses propres moyens - en face du danger sans cesse croissant de l'impérialisme islamo-communiste. 11 est donc probable que tout en neutralisant les Soviets sur le plan technologique, les États-Unis vont avoir à tenir compte d'initiatives multiples dans le monde libre. Pour s'en convaincre, point n'était besoin de réunir à Paris, en novembre 1957, les chefs de quinze gouvernements. La tendance était fort apparente dès 1956 au plus tard, dès avant la campagne du Sinaï et l'expédition à Port-Saïd. D'ailleurs une solution strictement « atlantique» ne suffirait plus. Un partage anglo-américain du « leadership », un condominium de Londres et Washington n'apporterait rien de nouveau : dans les affaires mondiales, la Grande-Bretagne et les États-Unis forment déjà une sorte de superpuissance de l'Atlantique. Ce dont l'humanité a besoin désormais, c'est de constellations BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOQAL nou~elles, capables de grouper et de guider maints peuples divers dans les diverses régions non asservies ou mal asservies. · Contrairement aux apparences (nucléaires ou purement numériques), l'époque de l'hégémoniè des superpuissances tire à sa·· fin; les· vieilles· nations de l'Europe veulent se relever. La direc.:. tion que prennent les affaires internationales dessine des zigzags - souvent imprévus à Londres ou à Washington comme à Mos·cou..:....:. sous l'influence croissante des puissances· dê second rang, voire de pays plus petits. Car il en est qui sont mieux équipés (du moins psychologiquement) pour la « guerre-et-paix conduite par d'autres moyens». Lè fait que ces États d'importance dite secondaire ne produisent pas encore d'armes atomiques n'est pas nécessairement, pour eux, un désavantage. Dans la région d'importance majeure qui embrasse l'Afrique du Nord et le· Proche-Orient, . c'est la France maintenant qui réaffirmè son indépendance d'action. Comme elle, certaines nations pourtant bien moindres, voire très petites numériquement -la Turquie-ou Israël-jouent désormais en Méditerranée un rôle considérable. Enfin il faut convenir que la ·même tendance apparaît parmi les satellites « comm11nisés n de l'URSS, lesquels m·ontrent plus ou moins de hâte à s'affranchir -:- tels les Polonais après les Yougoslaves (pour ne rien dire des Hongrois et d'autres peuples). · C'est là une évolution que les États-Unis auront avantage à encourager, selon leurs intérêts bien compris. Au point où nous en sommes de ce fameux « âge atomique », mieux vaut redistribuer le poids des responsabilités en laissant se multiplier de nouveau les centres de pouvoir et les équilibres ·de puissance - comme ce fut toujours le cas pendant les périodes vraiment créatrices de !'Histoire. Les Américains, avec raison, ne veulent pas assumer une politique étrangère qui risquerait d'aboutir à la catastrophe atomique, à la conflagration universelle. L'Europe craint le suicide autant que l'Amérique. Et pourtant il est bien clair que le monde libr~ périrait tout e'-tier, d'une façon ou d'une autre, si l'on s'en tenait encorè pendant quelques années à une stratégie immobile de défense nucléàire et à 1a passivité politique. . - , A. G. HoRON > •

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