Marx, s'est pourtant livré, dans l' Anti-Dühring, ·à un panégyrique excessif de la violence, que Lénine citait avec plaisir. D'un point de vue formel et théorique, l'idée de Lénine sur la dictature du prolétariat se rattache évidemment à Marx et Engels. Mais l'analyse prouve qu'il n'a pris chez eux que la «formule». La chose elle-même, le contenu de la «formule», il la prend chez Tchernychevski, par qui il avait été conquis avant même de connaître le marxisme. Avoir en tête comme Lénine la conception de la révolution violente avec tous ses traits spécifiques, cela n'était possible qu'à une certaine nature, à un caractère, à un tempérament. Tchernychevski n'a pas créé cette nature, mais il a été le premier à cristalliser en idées des tendances et penchants instinctifs. Cela lui fut d'autant plus facile qu'il s'était présenté à Lénine sous un aspect propre à frapper l'imagination d'un jeune homme de 18 ans: celui d'un prophète passionné du bien, armé d'une hache ensanglantée. Tchernychevski maniait la hache de la dictature depuis sa jeunesse. «La meilleure forme de gouvernement, c'est la dictature »., a-t-il écrit dans son journal en 1848. Il avait alors 20 ans. UNE DERNIEREremarque. On peut et on doit critiquer Marx (à condition de le connaître). Depuis BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL sa lettre à Annenkov en 1846 jusqu'à celle à Véra Zassoulitch en 1881., ou encore jusqu'à la préface à la seconde édition du Manifeste, on peut compter au moins cinq ou six Marx différents. Mais il n'a jamais dit nulle part que la fin justifie les moyens, y compris les moyens «malpropres ». On ne peut trouver chez Marx l'idée que la révolution doit être impitoyable., ne doit pas craindre l'effusion de sang ni « ménager les hommes». Marx ne partageait pas ces idées de Tchernychevski, qu'il appelait pourtant «un grand savant et critique ». Ces idées., ce n'est pas de Marx que Lénine les a reçues. D'une façon générale., quand on essaie de comprendre le personnage historique de Lénine, c'est à Marx qu'il faut le moins penser. Malgré le «marxisme » et quinze ans de vie à l'étranger, ce n'est pas sous l'effet de ferments étrangers que Lénine a monté. Il est une plante du sol national tout comme Tchernychevski, élève du séminaire, fils d'un pope de Saratov., que personne ne songerait à considérer comme un rejeton de Fourier, d'Owen et de Blanqui. Une nationalité n'est pas représentée par un type unique. Elle en a souvent de nombreux. En outre., ce qui est national n'est pas nécessairement ce qui est vrai, ni synonyme de bon., noble et juste. Bien des choses sont nationales tout en étant neutres, telles les mœurs et coutumes ; il en est aussi de fort bonnes, comme il en est de • mauvaises ... ( Traduit du russe) N. VALENTINOV ,
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