Le Contrat Social - anno I - n. 2 - maggio 1957

R. C. NORTH Pendant ce temps, les communistes s'occupaient également de neutraliser l'opposition dans d'autres secteurs de la population. Le 21 février 1951 Mao ordonna la répression << rapide et rigoureuse » de toutes les activités contre-révolutionnaires et son gouvernement établit une liste de plus de vingt crimes - pillage, sabotage, perturbation du marché, propagande contre-révolutionnaire, complot, espionnage, organisation d'évasions, etc. - passibles de détention, d'emprisonnement à vie ou de mort. 10 La loi étant à effet rétroactif, Mao lui-même aurait pu être condamné en vertu de cette loi, ne fût-ce que pour collaboration passée avec le Kuomintang. Avec un humour inconscient, le Men-min Chou-tsé, revue de l'actualité politique, fournit l'analyse suivante de l'exécution capitale comme méthode de , . repress1on : L'exécution ·signifie l'élimination physique fondamentale des contre-révolutionnaires et elle est, bien entendu, la mesure la plus radicale et sévère pour priver les contre-révolutionnaires des conditions nécessaires à leurs activités contre-révolutionnaires. 11 A mesure que la réf orme agraire progressait, les dirigeants resserrèrent leur mainmise sur l'appareil de l'État au moyen de la campagne des « 3 anti » contre la corruption, le gaspillage et le bureaucratisme. En appliquant ce programme dans le Nord-Ouest, Kao Kang, qui occupait à l'époque le cinquième rang_ dans la hiérarchie du Parti, décréta : Ce qui suit sera accompli pendant la présente campagne ... Épurer tous les services de la corruption, du gaspillage et du bureaucratisme. Les cas de corruption et de gaspillage seront frappés de peines allant du renvoi à des peines de prison, et du « redressement par le travail » à la peine de mort. 12 Combien de Chinois exactement furent exécutés en vertu de ces lois, on ne peut exactement l'établir, mais même les plus modérées des estimations les comptent par millions *. Par la suite Kao Kang fut lui-même épuré « pour activités conspiratrices visant à s'emparer de la direction du Parti et de l'État » 13 • Son expulsion, 10. C. B., No. 163, 5 mars 1952. 11. Ibid., No. 101, 24 juillet 1951. 12. Ibid., No. 163. • Un bulletin de l' Amcrican Federation of Labor évaluait à quelque 15 millions le nombre de civils massacrés jusqu'au d~but de 1952, sans oarler des prisonniers de guerre (environ 400.000) tués au méoris des conventions internationales (International Free Trade Union News, n° 12, de 1952). Dans Time du 5 mars 1956, les estimations se montent à 20 millions de morts et 23 millions de prisonniers et déoortés dans les campa de concentration. - N. d. l. R. 13. • Resolution on the Kao Kang Shu-shin Anti-Party Alliance •• Ibid., No. 324, 5 avril 1955. Biblioteca Gino Bianco 113 annoncée en 1955 et commentée avec satisfaction devant le huitième congrès par Liou Chao-tchi, paraît quelque peu superflue puisque Kao Kang, révélait-on, s'était suicidé un an plus tôt. 14 Lorsque la réf orme dans les campagnes fut en bonne voie et que les contrôles sur le gouvernement eurent été bien resserrés, Mao lança la lutte des « 5 anti » contre la corruption, la fraude fiscale, le pillage des biens de l'État, l'abus de confiance et le vol des secrets économiqt1es de l'État, programme de lutte de classe, ouvertement proclamé comme tel par les communistes, dirigé contre la «bourgeoisie», cette même bourgeoisie dont ils avaient accepté volontiers jusqu'alors les services pour la construction de la Chine nouvelle. 15 A la suite de la campagne des « 5 anti », le premier plan quinquennal fut annoncé au début de 1953, visant à transformer la Chine d'un pays agricole en une nation industrielle, selon le modèle du « socialisme bolchévique». 16 S'appuyant sur des citations de Lénine et de Staline, les propagandistes s'appliquèrent à démontrer qu'en entreprenant cette tâche la République populaire « suit la voie de l'Union soviétique qui, guidée par la théorie économique marxiste-léniniste, a accompli cette transformation avec une rapidité sans précédent dans l'histoire » 1 7 • Comme en Union soviétique, le prix humain de ce processus de transformation a été élevé. Sans doute les planificateurs communistes chinois ont-ils augmenté la production nationale, mais seulement par l'intimidation et l'enrégimentation, la réduction de la consommation individuelle (déjà infime pour commencer) et par le recours systématique au travail forcé. 18 Le nombre de personnes condamnées au travail forcé en Chine communiste ne peut être exactement déterminé, mais le chiffre le plus bas, parmi les évaluations publiées, est de 14 millions. 19 Dans les campagnes aussi, on faisait un premier pas vers le socialisme bolchévique : en 1955-56, la collectivisation de l'agriculture 14. Voir Peter S. H. Tang, « The Power Struggle in the Chinese C. P. : The Kao-Jao Purge», P. C., No. 6 (novembre-décembre), 1955. 15. Yang Erh, « Refuting the Ridiculous Views of the Bourgeois Class )), C. B., No. 199, 14 mars 1952. 16. Voir Richard L. Walker, « The Working Glass in Communist China», P. C., No. 3-4 (mai-août), 1953. 17. Li Tchen, « 1-low China Will Industrialize », People 's China, 1 or février 1953, t). 10. 18. Voir Youan-li Wou & Robert C. North, « hina and India : Two Paths to Industrialization », P. C., N . 3 (maijuin), 1956. 19. Youan-li Wou, An Econoniic urve.v of 0111,nunisr China (New York Bookman Associates, 1956), \'>D· Voir également Karl A. Wittfo el, 11 For d Lob r m mmunist China », P. C., N . 4 (juil t- ôt), 1956.

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