Le Contrat Social - anno I - n. 1 - marzo 1957

68 Une liste alphabétique Dictionnaire des sciences économiques, publié sous la direction de JEANRoMEUF, avec la collaboration de G. PASQUALAGGTIo. me I, A à I, contenant des articles de A. ANTONI, J. AUBERT-KRIER, BYÉ, G. L. CAMPION, M. CÉPÈDE, B. CHENOT, J. COMPEYROT,P. DIETERLEN,C. FAIN, J. FOURASTIÉ, H. GUITTON, H. KRIER, J. LAJUGIE, G. LEDUC, M. LENGELLÉ, J. MORINI-COMBY, A. PIETTRE,A. SAUVY,E. SCHLOENSING, R. SEDILLOT, Ph. SIMON, C. VIMONT, J. WEILLER.Préface d'ALFRED SAUVY.Paris, Presses Universitaires de France, 1956, 630 pp. Il faut de grands moyens pour faire un dictionnaire et, même s'il est mauvais, beaucoup de travail. On regarde donc à deux fois avant d'user de ce « droit qu'à la porte on achète en entrant ». Mais vraiment, 1\i. Romeuf a passé toute mesure. A feuilleter l'ouvrage dont il assume la responsabilité, on dirait qu'il s'est borné à distribuer les sujets d'articles sans donner la moindre directive aux auteurs, sans leur demander la plus petite retouche, et sans faire autre chose que de classer les textes reçus dans l'ordre alphabétique, un peu à la manière dont un enfant en bas âge enfile au hasard des perles disparates. Un di~tionnaire doit être un ouvrage de référence auquel on demande d'abord l'énoncé précis des notions élémentaires en même temps que fondamentales de la science dont il traite. Or c'est d'abord cela qui fait défaut au dictionnaire de M. Romeuf. Délibérément, toutes les étymologies en ont été bannies : quelquefois, l'auteur d'un article fait allusion à l'origine du mot, ou à son sens vulgaire, mais c'est rarissime. Et pourtant, il est peu de domaines où l'évolution sémantique soit aussi suggestive. L'histoire des institutions et des idées n'est pas mieux traitée que celle des mots. On s'attendait à ce qu'elle figurât après la définition de chaque terme : quand il en est traité (par exemple à l'article BANQUE),c'est à peu près au hasard de l'association des idées, et avec tant d'imprécision que mieux vaudrait encore n'avoir rien dit. Les biographies de ceux qui firent avancer la science économique n'ont pas été oubliées, mais à peu près aucune de ces notices n'est bonne : dates de naissance et de mort sont souvent absentes, sans doute chaque fois qu'il eût fallu d'autres recherches que la consultation du Larousse. Mais ce prudent (et paresseux) silence est préférable encore à voir Lassalle baptisé « compagnon de Karl Marx » (AIRAIN, LOI D') et Célestin Bouglé figurer deux fois, la première sous son nom véritable, la seconde sous celui de Buglé (Célestin), l' œuvre de Bouglé étant partagée inégalement entre lui-même et son double. Les bibliographies, enfin, souvent absentes (uniquement pour des raisons de facilité) sont presque toujours désordonnées, imprécises (est-ce une référence que de renvoyer à un rapport de M. Lasserre Biblioteca Gi'no Bianco LE CONTRAT SOCIAL au Conseil économique sans en donner la date, ou, dans l'article CLASSES- d'ailleurs parfaitement confus - à un loc. cit. de J. Lhomme dont le titre n'apparaît ni dans le texte ni dans la note bibliographique terminale, ni dans le code liminaire des citations?), lacunaires (sur le COMPAGNONNAGE, si l'on ne cite qu'un ouvrage, pourquoi l'article de J. Bernard dans la Revue Internationale du Travail d'août 1953 ?). Ignorance sans doute, mais aussi paresse. Car il n'est besoin que d'un peu de travail et de soin pour savoir que l'étude d'Élie Halévy sur « L'Évolution de la doctrine utilitaire » n'est pas un livre à part, mais le tome II d'un ouvrage intitulé La formation du radicalisme philosophique. Et comment peut-on ignorer son Ère des tyrannies ? On pourrait multiplier à satiété les exemples. On ne saurait donner un avis sur chacune des rubriques d'un dictionnaire, ni les englober toutes dans le même jugement d'ensemble. Il en est de bonnes, et beaucoup peuvent remettre en mémoire • • certaines nouons. Elles sont d'ailleurs, dans bien des cas, lorsqu'elles ont quelque ampleur, l'œuvre d'hommes parfaitement au courant de l'état présent des sciences économiques. Grâce à elles, grâce aussi aux articles consacrés aux institutions économiques récentes, le Dictionnaire des sciences économiques peut rendre partiellement les services qu'on attendait d'un tel ouvrage : quelque chose comme la codification de notions nouvelles et de faits que ne pouvaient pas connaître les prédécesseurs de M. Romeuf. On n'en regrette que davantage la légèreté avec laquelle ce travail a été conduit. Même les meilleures rubriques pêchent par le manque de densité et de clarté, par quelque chose d'indécis et de flou dans le plan et dans le style, comme si elles avaient été écrites rapidement et presque improvisées pour un journal. M. Romeuf aurait pu se permettre de revoir ces espèces de notes indicatives qu'il avait demandées à des maîtres, et de leur donner la forme que requièrent la nature et la destination d'un dictionnaire. C'est · se montrer impitoyable pour tout lecteur qui n'est pas un spécialiste que de le laisser face à face, à l'article INFLATION,avec cette définition liminaire: Une communauté 1nonétaire est en état d'inflation lorsque le total de sa dépense revenus courants - avoirs thésaurisés revenus courants + avoirs thésaurisés dépasse, au cours d'une période donnée, la valeur calculée en multipliant les quantités de marchandises et de services offerts par leurs prix unitaires en vigueur au cours de la période précédente, puis en totalisant ses produits. On aurait pu faire précéder cette définition d'explications qui en auraient facilité l'accès, par exemple en retraçant l'évolution des idées sur l'inflation, à partir de l'inflation monétaire, dont la notion est relativement familière. Cette correction était du ressort du directeur de l'entreprise, comme

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