Le Contrat Social - anno I - n. 1 - marzo 1957

64 vivre. Les objets 1 d.e première nécessité, pain, viande, sucre, thé, café, chauffage, sont génér.alem(\nt à plu.s bas prix q·u'en F,ran·c.e• • . et les sa1lai,res y sont doubles ou tri.pies. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Ce faii positif, in~on,testahle, ,d:e]'1ai1sa 1 n,oogénéra-le, est ici à côté d':u•n,a,utrequ.i ,en reh1aus-se sing-ulièrement l'imiportan,ce .aux yeux d'un Eur.opécn ami 1d,u 1 p-rogrès, enn,em.i de la vi-ol,en.ce. En p,olitiqu•e,le radicalism,e est ici à la mode : le mot -de ,démocratie, qui ailleurs f.erait peur mêm.e à des républi,cain,s, est ici rec!h,erché,sa,l,ué d'a.cclam,ation,s.On •se disp·ute l,e n.omde pa•rti dém,ocratiq•u•;e il y a trois ou q,uatr,enuances d'opini,on qui le réclament comme leur propriété ex,cl,usive; mai.s ,c'est le s,eul ge,n,re-de propriété qui ,soit en qu•estion. Il est vrai q·u-e,la pr-0,priété matérielle .est vite f,on,d•ue,ici, à m,oin.s q,u'un,e activ-e surveil,lan,cene I.a prése,rve, et qu'1 un traLE CONTRAT SOCIAL vail con.stant ne la renouvelle. Néan,m.oins, tant qu' el1le s·ubsi-s,tee, lle est 1' objet d'un reStpectprofond, q.u,i,je l'avoue, m',a un peu su.rpris. Je ,me serais .atten,d•u à oe ,q,u,ela théorie d'économie sociale eût em.pru-n.té•qu,elques syllogismes à la théorie p•olitique. Tel qiui, ,en E,urope, ne passer.ait pas pour u·n ,des ptlu.shandi.s ,sous -0erapport, serait ici u·n novateur ,au,da,cieux. D',a.près c.es sim,p 1lies ob.servatio·ns, il paraît naturel ,de ,pens-er qu'il y a li,eu.de retirer de l'étu,de de ce pay,s ,de précieuses in1d.icationspour la ,soluti,o.n,de la g.ran,d,equ,estion q·ui a.gite l'Eu- . r,ope, cel.Ie .d.e l'a,m,élioriation d,u sort du pl,u,s gran•d nom1 bre. Il ~•eraitintéressa'n,t de rec,her,ch,er •leseau.ses de cet état de eh,os,es,et ,d'examiner si, 1n,oyenna•nt ran·sfor.mati.on, ,elle.s pourraient être ,miLS•e,.esn je1 u ,d,an.s la société euriop,éen.ne,en Frain.cesurtout. Je rev,i,en-draisur ce S•ujetle plus tôt q.u'il me S•er-apossible. MICHEL CHEVALIER QUELQUES LIVRES ' Engels et les Lafargue FRIEDRICHENGELS,PAUL et LAURALAFARGUE: Correspondance. Tome I, 1868-1886. Textes recueillis, annotés et présentés par ÉMILE B0TTIGELLI, traductions de l'anglais par PAUL MEIER. Paris, Éditions sociales, 1956, LXVII & 432 pp. Il est regrettable qu'un des arrière-petits-fils de Karl Marx, M. Marcel-Charles Longuet, ait cru devoir céder au Parti communiste les lettres autographes qui forment l'essentiel de ce recueil : il condamnait ainsi ceux qu'intéresse l'histoire du socialisme à lire (peut-être), avant d'arriver au texte d'Engels et des Lafargue, soixante-cinq pages de commentaires dans le jargon communiste. Certes, ce M. Bottigelli a apporté une relative discrétion dans sa critique des « graves insuffisances» de Longuet (p. XXI 1), expression typique du vocabulaire communiste, de sa tendance à considérer que «la tâche de la révolution » consiste, «après la prise du pouvoir, à mettre en harmonie le pouvoir politique et les germes de socialisme engendrés dans la période du capitalisme monopoliste» (p. ·XXII 1), de son «glissement sur des positions centristes» par suite de l'influence exercée sur lui par le «kautskisme » (id.). Ce ton de pion n'en est pas moins insupportable, et mieux vaut ne rien dire des retouches et des déformations que M. Bottigelli fait subir à l'histoire de la 111° République et du mouvement ouvrier. Par delà ces pages rebutantes, le lecteur aborde un monde infiniment plus riche, car ce qui s'y manifeste déjà du· dogmatisme marxiste semble l'image même du libéralisme auprès de ce qu'on a connu depuis. Trois êtres humains sont là, et peutBiblioteca Gino Bianco être est-ce d'abord ce qu'elles nous révèlent de la personne d'Engels, de Lafargue et de sa femme qui fait le prix de ces deux cent dix lettres. Des trois, Engels est assurément le plus attachant, par son amitié vraiment émouvante pour Marx, par sa générosité inlassable, par son courage devant la douleur, son dévouement, sa gaieté, et même par la clarté de son intelligence, pourtant assez souvent systématique et sèche. On n'en saurait dire autant de Lafargue, qui révèle quelque chose d'instable et parfois, si l'on ose ce terme, certains traits d'un «raté». Ses études médicales ne paraissent pas avoir été brillantes et l'on a le sentiment que s'il abandonna l'exercice de la médecine en 1872, c'est parce qu'il s'y sentait ·mal préparé, et non pas seulement - comme il le ·déclara dix ans plus tard - parce que la mort de ses trois enfants lui avait fait perdre toute foi en elle, affirmation assez curieuse chez un «scientiste » (le mot devait être forgé tout à la fin du siècle) aussi résolu que lui. 11 montra du courage dans ses efforts pour installer à Londres un atelier de photogravure. Mais malgré les conseils d'Engels, son inaptitude en affaires ne lui permit jamais de faire aller l'entreprise et il ne se passait guère de mois qu'il ne harcelât Engels de demandes d'argent - toujours· satisfaites. Il finira par s'installer dans cette espèce de parasitisme et, rentré en France en 1882, il vivra presque au principal des dons d'Engels, en attendant l'aisance que lui assureront l'héritage de sa mère et celui d'Engels. Marx n'avait pas vécu autrement, dira-t-on, mais Marx était Marx, et son œuvre justifiait le mécénat, d'autant plus que le mécène était un ami intime et coopérait à l' œuvre qui· s'édifiait. Mais Lafargue?

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