Concentration antifasciste italienne - Le fascisme italien et le désarmement

.. ;; Ci I i I h..Oiiihhhi hfiilMhiilllhhfh♦hllliiihl I lllliMffhihiihi iilihhhlhhh I Mii lh..Cil~ 1 ConcentratioAnntifascistIetalienne 1 Le FascismeItalien et le Désarmement· 1--;-::~ 103, Faubourg Saint-Denis - PARIS i. 1 1 i'1111111nUUUHIIIIUUIIUIU.fhlUUl~IIIOUIUIHIUIUUIIU,UU11uu11u111uou1111111u1uuuu11111wuu1111uuuu111.u1uuutudttUU&UUUIW: Biblioteoa Gino Bianco

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Le Fascisme Italien el le Désarmement Biblioteca Gino Bianco

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La Conférence du désarmement a éveillé dans le monde entier l'espoir d'un prochain assainissement de la situation européenne et mondiale. Parmi les peuples quf souhaitent le plus ardemment le succès de la Conférence, le peuple italien est certainement au premier rang. La tradition, les sentiments, les intérêts de l'Italie font que son peuple s'est prononcé èuvertement, dès le lendemain de la guerre, pour une politique de liquidation de l'esprit de guerre, de désarmement et d'entente européenne et mondiale. Ceci jusqu'au jour où la libre volonté populaire a été étouffée par le terrorisme fasciste et par le triomphe d'un nationalisme borné et agressif pour qui les problèmes de la vie et de la prospérité de la nation italienne ne sont que des problèmes d'expansion territoriale militaire. (0 espandersi o esplodere, selon la formule de M. Mussolini.) Or il se trouve que le fascisme, après avoir pr6né, pendant huit ans (1922-1930), une politique de provocation et d'excitation nationalistes, s'est soudainement converti, au commencement de 1931, aux thèses les plus radicales du désarmement, essayant ainsi de masquer son but qui est d'alimenter et d'exploiter les malentendus et les froissements entre le& peuple&. Cette nouvelle politique du fascisme est en contradiction ===========11=========== Bibflotecc1 G nd B1anccr

non pas seulement avec tout son passé, mais aussi, et surtout, av~c la prépqration matérielle et spirituelle de la gûerre qu'il poursuit à l'intérieur. Tandis qu'à Genève les êlélégués dè Mussolini s'affirment partisans du désarmement, à' l'intérieur, les fascistes exaltent la beauté des canons, des mitrailleuses et !les poignards ; ils couvrent d'ironie et de sarcasmu le• efforts de ceuz qui veulent organiser la paix, justifient la réaction effrénée el sanglante de la dictature par la nécessité de tenir la nation en état pe_rmanent de mobilisation et parlent de la guerre comme d'u,n moyen indispensable et fatal pour la• ,élection et l'expansion des peuples. · Dans cette brochure, rédigée sur la base des documents officiels fascistes, la Concentrazione Antifnscisla Italiana dénonce à l'opinion ,publique internationale le double jeu du fascisme, pacifiste à 'l'usage de l'étra.nger, nationaliste et guerrier à l'intérieur. Elle accomplit de la sorte - et de l'exil - la tâche qui, dans les pays libres, revient aux démocrates dont le devoir sacré est plus que jamais de se dresser contre les force, et les fauteurs de réaction et de guerre. LA CONCENTRATION ANTIFASCISTE ITALIENNE. Parls, février 1932. ==========fi'========= Biblioteca Gino Bianco

L'INSTRUCTION MILITAIRE DES • BALILLA • En haut : un défilé. - Au rentre : un major de l'armée vtrif!e le carton de tir d'un « Balilla >. - En bas : les petits marins. Biblloteca Gino Bianco

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.. Mussolini parlé ... Ceux qui ont le destin de guider une révolution sont comparables aux généraux dont la tâche est de guider la guerre. Guerre et révolutions sont deux termes qui vont souvent ensemble : tantôt c'est la guerre qui amène la révolution, tantôt c'est la révolution qui aboutit à la guerre. Même ressemblance dans la stratégie des deux mouvements : comme dans la guerre, ainsi, dans la révolution; on ne va pas toujours à l'attaque. Quelquefois li faut savoir opérer une retraite plus ou moins stratégique ; quelquefois li faut piétiner longµement sur les positions acquises; mais le ·but est toujours le même: l'empire! MUSSOLINI, (Discours du 25 juin 1925) (1). L'Italie en état permanent de gueTTe. c Je considère la nation italienne dans un état permanent de guerre. J'ai dit et je répète que les cinq ou les dix ans à venir seront décisifs pour la destinée de notre peuple. Ils seront décisifs parce qÛe la lutte internatiouale est déchaînée et le sera toujours plus, et nous qui somm~ arrivés tard sur la scène du monde nous ne pouvons pas dissiper notre énergie. > (11 décembre 1925.) La paix à l'ombre dea épie• (2). <( J'ai été à Locarno et j'y retournerai, mais tandis que des paroles de paix retentissent à l'horizon, je dois constater que (1) Les textes des discours de M. MtuSOllnl sont extraits du recueil officiel des discours du premier ministre fasciste. (2) Pendant et après la Conférence de Locarno, les politiciens et les journalistes fascistes se sont appllqu~s à r!dlcullser l'œuvre de paix et la tentative ===========7=====::;:::===== Biblioteca Gino Bianco

les cieux se peuplent d'avions prodigieux et que des nouvelles unités de guerre prennent la mer. Alors je réfléchis et je dis : Comme le paradis de l'Islam. notre paix la plus sûre sera à l'ombre de nos épées. > (29 janvier 1926.) Entre 1935 et 1940 ... « L'Italie fasciste a le devoir fondamental, précis, de préparer Ioules ses forces armées, sur terre, sur mer, dans l'air. Nous devons être en mesure, à un moment donné, de mobiliser cinq millions d'hommes et de les armer ; nous devons renforcer noire flotte, el nos avions doivent être si nombreux et si puissants que la rumeur de leurs machines doit étouffer toute autre rumeur et que leurs ailes doivent voiler Je soleil. Alors, au moment donne, entre 1935 et 1940, quand l'histoire de l'Europe parviendr-a à son -point critique, nous pourrons faire écou Ier notre voix et voir enfin nos droits reconnus. Cette. prépara lion demande encore ·quelques années. > (26 mai 1927.) Après le pacte Kellogg ( 1 ). < Nous avons signé le pacte Kellogg que je définis sublime, si sublime qu'on pourrait Je dire transcendant. S'il y avait d'amener la France et l'Allemagne à une collaboration conllante. M. Bottai, ministre des Corporations, s'exprimait de la façon suivante : • Personne n'ose mettre le doigt sur la plaie : une entente lntereuropéenne est très éloignée et presque Impossible. La meUleure directive est de penser sol-même à se,, propres intérêts en nouant des amitiés et, éventuellement, des alliances avec des peuples avec qui i1 est probable qu'un Jour nous devrons marcher. Nous sommes sûrs que notre gouvernement est·de cet avis, ce qui est prouvé par la relative Indifférence avec laquelle 11suit les travaux de Locarno. M. Mussolini a voulu passer quelques Jours dans le Canavese, où nos soldats se préparent, et non dans le Tessin, où !"on perd son temps. • (Crltfca Fascista, du 15 octobre 1925.> (1) La signature du pacte Kellogg fournit une occasion à la presse fasciste pour renouveler la profession de méfiance dans les moyens pacifistes et de sa fol dans la force. Le POJ>Olo d'Italia, organe de M. Mussolini, se fit l'interprète de l'oolnlon fasciste, écrivant le Jour même de la signature du pacte : c La France, l'Angleterre et les Etats-Unis peuvent parler de la guerre avec horreur. Celle-cl, en effet, changerait l'actuel statu quo. Mals nous, nous avons de grandes dlfllcultés à respirer, et c'est la raison pour laquelle nous sommes forcés de voir dans chaque l.lgUe,dans chaque manœuvre de ceux qui ont tout et ne veulent rien donner aux autres, un comité d'assurance qui fonctionne aux frala feiî~~gte~eq~~Jt~:~:::.~ ~r Pi!~~: j0~~ ~ore'l:: ;ar vole de conséquence, (27 ao1lt 1928.) =========== 8 =========== Biblioteca Gino Bianco

d'autres pactes en vue, nous nous empresserions de les signer. Mais au-dessus, au-dessous et à côté de ces pactes est la réalité que nous ne devons pas ignorer si nous ne voulons pas commettre un crime de lèse-natio;n. Cette réalité est la suivante : le monde entier arme. Les journaux signalent chaque jour la construction de sous-marins, de croiseurs et d'autres instruments pacifiques de guerre. Vous avez certainement suivi les ùiscussions des parlements des autres pays. Il en résulte que li' nombre des canons et des baïonnettes augmente toujours. Il ne faut pas avoir d'illusions sur l'état politique de l'Europe. Lorsque l'orage approche, tout le monde parle de tranquillité et de paix, comme mû par un profond besoin de l'esprit. Nous ne voulons pas troubler l'équilibre européen, mais nous devons être prêts. Aucun de vous ne s'étonnera et personne ne devra s'étonner si je demande un nouvel effort à la nation quand la convalescence sera achevée, afin de mettre au point toutes les forces de mer, de terre et de l'air. > (8 décembre 1928.) Les canons sont plus beaux que les paroles (1 ). « Rien de plus insultant pour la fierté du peuple italien que l'idée que l'on a émise suivant laquelle notre récent programme naval ne serait pas destiné à être réalisé. Je réaffirme ici que ce programme sera réalisé tonne par tonne, que les vingt-neuf unités du nouveau programme seront mises à flot. Car la volonté de l'Italie n'est pas seulement de fer, mais elle est mathématique. Vous verrez ici, demain matin, une imposante revue de l'armée. C'est moi qui l'ai voulue, car les (1) L'appel aux armes revient systématiquement dans la littérature et dans l'éloquence fascistes. On n'en finirait plus si l'on voulait tout citer. Aussi nous bomP.rons-nous à quelques exemples. M. Augusto Turatl, secrétaire du parti fasciste, parlant le 14 mal 1928 aux ofllclers de la ~arn!son de Parme, déclare : c Chacun de vous sait que l'heure merveJlleuse viendra certainement où l'armée grande et magnlflque, l'armée victorieuse, chargée de gloire et d'espoirs, reprendra sa marche en avant pour la gloire du Roi, pour la victoire du • duce • et pour la grandeur de l'Italie. • M. ltalo Balbo, ministre de !'Air, déclare dans un discours à Gênes (23mars 1930) : • A vous, héritiers de la grande racé ligurienne, la tàche d'être il la hauteur de la grande heure qui passe. C'est à vous de donner des eœaoca, des armes, des canons, des navires, des avions à la patrie et de faire bonne ;:arde non seulement sur la mer qui est vôtre, mals aussi vers la frontière qui vous est confiée et de laquelle ne cessent de nous arriver de sourds grognements de courroux. > ===========&=========== Biblloteca Gino Bianco

paroles sont une très belle chose, mais les fusils, les mitrailleu~es, les navires, les· avions et les canons sont des choses encore plus belles. Demain matin, devant le spectacle des forces armées, tout le monde verra le visage ferme et guerrier de l'Italie fasciste. > (17 mai 1930.) c Je répète que. tant qu'il y aura des canons, ils seront plus beaux que les belles paroles, trop souvent vaines. Hier comme aujourd'hui, le prestige des nations est déterminé d'une façon presque absolue par leurs gloires militaires, par leur puissance armée. La péninsule est aujourd'hui un immense champ de manœuvre où des millions d'hommes s'entraînent silencieusement sur terre, sur mer, dans le ciel, dans les écoles, dans les stndcs, dans les églises, pour le grand sacrifice de la vie, pour la régénération de la race, pour l'éternité latine. · pour la grande bataille qui aura lieu demain ou jamais. On: entend une sourde rumeur semblable à une immense légion en marche, sous le symbole du faisceau, vers un plus grand lendemain. Personne ne peut l'arrêter. Personne ne l'arrêtera.> (28 octobre 1930.) La coÙr•e aux armement•. c Je serais très heureux. si demain nos finances me permettent d'augmenter le nombre des divisions. » (9 mar• 1926.) c Non seulement l'Italie maintient intégralement son droit de parité navale avec la France, mais encore elle revendique idéalement ce droit vis-à-vis de la puissance navale la plus forte du monde. C'est uniquement à cause de ses modestes possibilités économiques et financières que l'Italie renonce à soutenir son droit à la parité navale avec l'Angleterre. > (14 janvier 1930.) c Il est exact que les dépenses militaires, qui étaient avant la guerre de 650 millions, sont passées à 5 milliards et que, depuis 1922, elles ont augmenté de 2 milliards. > (18 décembre 1930.) ============10============ Biblioteca Gino Bianco

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LES JEUNES ITALIENNES S'EXERCENT AU TIR ... ENFANTS SOUS LES ARMES Biblioteca Gino Bianco

...DE MEME QUE LES ENFANTS DE HUIT A QUATORZE ANS LES JEUX DES JEUNES FASCISTES Biblioteca Gino Bianco

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La milice volontaire de sûreté nationale Avec l'élimination de tous nos ennemis et l'incinération de l'ant.lfasclsme, les tâches politiques ont logiquement cédé le pas aux tâches d'ordre typiquement mllltalre. La mlllce a été chargée de préparer la défense des côtes et la défense antiaérienne de la nation, et - chose d'une Importance exceptionnelle - elle a été chargée de l'instruction prémilitaire, de telle sorte que le contingent de la levée passera préalablement par la mllice volontaire avant de se présenter - splendlèle matériel humain - à l'action ultérieure de l'armée. Sur mes Instructions, l'état-major de l'armée a abordé le problème de l'emploi organique en cas de gu_erre de la milice volontaire pour la sûreté nationale et l'a résolu avec une claire vision des temps nouveaux et des éventualités. Je vous annonce que la milice volontaire combattra avec ses légions encadrées dans les grandes unités moblllsées de l'armée. Je suis sûr que les légions se montreront dignes de cet honneur suprême en se préparant dès aujourd'hui à former des bataillons de choc qui perpétueront la tradition de l' • arditlsme • et du • squadrlsmo • (1), poignard entre les dents, bombes aux mains et, dans Je cœur, un mépris souverain du danger. Vous entendez et vous savez que nous sommes beaucoup enviés en tant qu'Italle et en tant que régime. Il faut être prêt à défendre l'un et l'autre. Mj1SSOLINI. (Discours au:i, commandants de la milice, · l" février 1928.l Dès qu'il fut arrivé au pouvoir, le fascisme - qui n'était pas rassuré sur le loyalisme de la police, de la gendarmerie et de l'armée - organisa, le 1" février 1923, une milice, sorte ============••============ Biblioteca Gino Bianco

de corps ,de prétoriens dépendant directement et personnellement du chef du gouvernement. La « Milizia volontaria per la Sicurezza nazionale > est chargée de la défense de la dictature contre les attaques de l'intérieur et de l'extérieur. Par la déclaration solennelle de M. Mussolini (discours du l" février 1928), la milice fasciste est incorporée dans les forces militaires de la nation. Sa force, d'après les données officielles, était la suivante à la date du 31 décembre 1930 (Annuario statistico del 1931, p. 522)) : Sous-officiers et miliciens ......... . Officiers ......................... . 371.928 23.148 A côté de la milice proprement dite, au sujet de laquelle le gouvernement -ne donne que des informations confuses et incomplètes, il y a les milices spéciales : a) La milice universitaire avec des effectifs de 353 officiers (communiqué officiel du 23 juillet 1931) et de 5 légions (communiqué officiel du 27 septembre 1931), soit à peu près 5.000 hommes ; b) La milice des chemins de fer avec 5.244 officiers et milidens (communiqué officiel du 2 avril 1930) ; c) La milice des frontières avec 3.572 officiers et miliciens (Annuario statistico italiano 1930, p. 415) ; d) La milice postale avec 50 officiers et 340 miliciens (communiqué officiel du 2 février 1931) ; e) La milice des ports avec 900 hommes (communiqué officiel du l" février 1930) ; f) La milice des routes avec 31 officiers et 427 miliciens (communiqué officiel du 31 juillet 1931) ; g) La milice des forêts avec 170 officiers et 3.500 miliciens (communiqué officiel du 27 janvier 1931). Il existe aussi une milice antiaérienne dont on ignore les <'ffectifs. Les ·milices spéciales sont en service permanent. La milice proprement dite est appelée sous les armes chaque fois qu'on le juge nécessaire (et, en tout cas, très souvent); elle est soumise à tour de rôle à des périodes d'instruction. D'après l' < Etat ,des armements > communiqué par le gouvernement italien à la Société des Nations (septem- ============ • 2 =========== Biblloteca Gino Bianco

bre 1931), < l'effectif moyen par jour des officiers de la milice volontaire rappelés pour l'instruction s'élève à 1.695 (p. 3) tandis que les officiers en service permanent sont 1.709 (p. 5), ce qui fait au total 3.404 officiers que l'on avoue être sous les armes d'une façon permanente. D'après Je même < Etat des armements >, les sous-officiers et les miliciens en service permanent seraient·S.784 (p. 5). Mais ce chiffre est ·démenti par M. Mussolini qui, dans un discours au Sénat (18 décembl-e 1930), n déclaré que les carabiniers et les miliciens en service permanent sont 76.000; or, les carabiniers étant 50.000 (« Etat des armements >, p. 5), il en résulte que les miliciens (officiers non compris) en service permanent sont 26.000 et non pas 8.784. Mais ce chiffre aussi est loin de la vérité et on peut évaluer les effectifs de la milice en service permanent à 3.000 officiers el 50.000 miliciens. L'ensemble de la milice, soit 371.928 miliciens et 23.148 officiers (selon les effectifs au 31 décembre 1930), constitue une force armée et instruite en 'état permanent de mobilisation. De cette façon, la dictature fasciste a doublé son armée. ============ 13============ B1blroteca Gino Bianco

1. L'éducation et Ja jeunesse Aimez le mousquet, adorez la mitrailleuse et, dans cette gamme de sentiments, n'oublie_i:pas le polg!'ard. MUSSOLINI. (Discours à la jeunesse fasciste, 21 septembre 1930.) Le fascisme considère comme une· vérité élémentaire et irréfutable que c la guerre c'est fhomme qui la fait et qu'il n'existe pas d'invention diabolique qui puisse paralyser la volonté humaine >. (Général de Dono, ministre des Colonies, dans la Nuova Antologia, juillet 1931.) Ainsi le fascisme s'estil attaché tout particulièrement à la préparation du matériel .humain de la prochaine guerre et à donner une éducation guerrière à la jeunesse. L'école. italienne est devenue une dépendance de la casçrne. Sa devise, dictée par Mussolini, dit : « Livre et mousquet, fasciste parfait. » On y apprend à haïr les autres peuples, l'orgueil, l'égoïsme nationaliste, le mépris de la justice et de la bonté, l'exaltation de la force et de la violence. ' Les petits Italiens· (1) sont enrôlés dans l'association des Balilla - « Opera Nazionale Balilla » - où ils reçoivent une éducation militaire ; ils passent ensuite dans les c avangardistes ~ et, de là, dans la milice. (1) L'Opera Nazlonale Baillis. a. été créée ,par la loi du 3 avril 1928. Elle comprend quatre sections : 1• Balilla, de huit /1. quatorze ans ; 2° Avangardlstes, de quatorze à dix-huit ans ; s• Petites Italiennes, de huit à quatorze ans ; •• Jeunes Italiennes, de quatorze à dix-huit ans. Les Balilla et les Avangardlstes prêtent le serment suivant : • Je jure d'exécuter sans discussion les ordres du c Duce > et de servir avec toutes mes ===========t4=========== i3iblroteca Gino Bianco

En haut : « Présentez armes ! > des c: Balilla ,._ - Au centre : Un « Balilla > apprind d'un officier de l'armée l'usage du mousqueton. - En bas : « Chargez les armes ! > Biblioteca Gino Bianco

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D'après un rapport de M. Renato Ricci, ·sous-secrétaire d'Etat à· l'Education juvénilè et président de Jl « Opera Nazionale Balilla >, celle-ci complait au 31 déçembrè 1930: Balilla ....•...... : ...... .-. . .... . Avanguardisti ................... . Picco le Italiane ......... ·....... . Giovani Italiane · ............... . 941.277 389A50 641.311 99.991 TOTAL ..• : •••••• ,•• 2.0ï2.029 Cette jeunesse est encadrée par 35.350 officiers, moniteurs, chefs d'escouade, chefs de centurie tirés de ln milice. c On peut affirmer, dit le rapport de M. Ricci, que pendant les quatre années d'apprentissage, tous les avnngardisles sans exception ont acquis une connaissance parfaite du mousquet' et ont participé à des séances de tir. Leur préparation est c91n,plétée par des visites d'ins.truction aux ports militaires, forees et. s'il est néœs~s:.lTe,avec mon sang la cause de la Révolution fasciste. La chanson des Balilla dit : ' · Pour le c Duce >, Pour le c Duce > bc!ni, Nau, ,omm .. prtt• NOtU .sommes pr~ta. avec le mou.,quet Et avec 11-0tre Et a~c notre drapeau. Toujour, de l'avant, Tou/oun de l'avant n.ou, marcherom. Alald I Dans lés assemblées de Bal!lla, on donne à commenter et à méditer Je • Décalogue du milicien fasciste • que voici : 1• Sache que le fasciste, et en particulier le milicien, ne doit pas croire Il !a pal-.:perpétuelle. · 2• Les Jours de prison sont toujours ·mt!rltés. · 3• On sert la patrie même en montant la garde autour d'un bidon d'essence. . 4• Un camarade doit être pour toi un fr~re : parce qu'il vit avec toi ; parce qu'il pense comme toi. · . s• Le fusil, la giberne, etc. te sont conllt!s non pour les gt.cher dans l'oisiveté, mais pour les conserver pour la guerre. 6• Ne dis Jamais : • C'est Je gouvernement qui pale •• parce que c'est tolmt!me qui paies. et le gouvernement est celui que tu as voulu et pour lequel ta ~ndosses l'uniforme. ' 7• La discipline est ·Je soleil des armt!es ; sans elle on n'a pas do soldat.a, mals la confusion et la dlfalte . . 8• MUS$011nl- ~ toujours raison. . . 9• Le volontaire n'a _pas d~ clrconstai:,oes atténuant.. quand li dt!sobt!lt. · 10• Une chose doit t'Hre ch~re par-dessus tout : la vie du • l:>ùèe•· ============ l'IS ============ Bibtioteca Gino Bianco

aux arsenaux, aux champs d'aviation, aux usines d'armes, aux champs de bataille, etc. L'éducation guerrière trouve son complément nécessaire dans l'exaltation des héros et des faits d'armes du c Risorgimento >, de la guerre en Lybie et de la grande guerre victorieuse. Pendant l'évocation de ces faits et <les gloires de l'immortelle Rome, l'âme juvénile est amenée à méditer sur la passionnante et sanglante veillée et sur les martyrs de la Révolution. (Rapport de M. Renato Ricci, soussecrétaire d'Etat à l'Education juvénile et présiàent de l'Œuvre nationale Balilla, Annuali dell'lstruzione elementare, décembre 1930.) L'Italie est la seule nation du monde où l'on voit couramment défiler des gamins et des gamines armés de fusil et quelquefois de poignard. Ce spectacle ne fut pas sans provoquer quelque scandale et le pape Pie XI lui-même fut amené a faire enten<lre sa protestation (lettre au cardinal Pompili, juin 1928). En mai 1928, lorsque, ,POur la première fois, les jeunes Italiennes de toute l'Italie, âgées de quatorze à dix-huit ans, se réunirent par milliers à Rome pour le concours 6'Ymnico-athlétique féminin, elles furent haranguées par le secrétaire dn parti fasciste, M. Augusto Turati. « Vons ne pouvez être, dit-il, que des bonnes mères qui savent qu'elles doivent donner des fils non seulement à la famille, mais aussi à la patrie. Et sï un jour, à ces fils, vous devez remettre un fusil, vous le ferez sans pleurnicher, dans un noble geste de fierté !... > La circulaire de convocation de ces jeunes guerriers disait : c Les jeunes Italiennes, en venant dans la capitale, porteront chacune un fusil : parmi les concours, le plus important pour le classement sera celui de tir : ceci est le plus clair symbole du but vers lequel tend le fascisme .Par cette nouvelle institution. >- L'école aussi - depuis l'école maternelle jusqu'à l'Université - est un clair symbole du but à quoi tend le fascisme. La tâche principale de l'école est l'exaltation guerrière et nationaliste. Dans les livres d'Etat, les enfants jouent toujours aux soldats, les filles jouent à la poupée (politique militariste et politique. démographique). La revue pédagogique la plus importante - 1 Diritti della Scuola - recommande aux insti• tuteurs de souligner constamment les injustices du traité de ===========•e=========== BibJ1otecaGmo Bianco

Versailles via-à-vis de l'Italie, les fautes de la France, de ia Yougoslavie, du président Wilson. La chanson officielle des écoliers italiens a cette strophe qui résume clairement l'esprit de l'éducation : Delrltalia, nei confini, Son rif alti gritaliani. Li ha rifatti Miusolini Per la guerra di domani. (De l'Italie, dans les frontières, - Sont renouvelés les Italiens. ~ Mussolini les a renouvelés - Pour la guerre de . demain.) ============17============ 81bll()teca Gino Bianco

' L'irrédentismè• ·et l'impêrialisme L'Italie a été grande dans la Méditerranée et Je veux qu'elle redevienne grande. MVSSOLINl (12 avril 1926). Ou la Dalmatie ou la mort 1 (Cri de ralliement des fascistes.) Pour tenir une nation dans un état permanent de mobilisation, pour donner à la jeunesse une éducation guerrière, 1,our essayer de justifier aux yeux de l'opinion publique -untionale et internationale l'oppression de la liberté par la nécessité d'être prêts à ln guerre, il fallait au fascisme italien créer le mvthe de la revanche. Contre qui ? Ln guerre de t!J14-t!J18 s'était terminée par la réalisation complète de l'unité italienne dans ses frontières géographiques. En, face des deux dizaines de milliers d'Italicns restés en dl'hors des frontières de la patrie, il y avait des centaines de milliers d'Allemands, de Slaves, de Grecs annexés à l'Etat italien. Malgré celle situation, le fascisme n réussi à alimenter une · i:nmpagne de surexcitation nationaliste et d'irrédentisme tournée notamment vers ln Dalmatie, vers la Corse, Nice et ln Savoie, vers Malte et même vers le canton du T.essin (1). (1) Il existe sur ces sujets toute une llt~rature fasciste sur laquelle li n'y a pas lieu·de revenir. L'kole fasciste d~veloppe larcement ses th~mes de politique ex~rleure m!me dans les koles primaires : l'injustice des tral~s de Versallles ; ~f~~~1\:'sdl~!"ta'l~ 1 i·r!~:.~.1~~· 1t~i::~be 1 ~.~;!:·~n~~~·.::rn~~-~~~~.:.-uq~ reste vague et non compromettante. sur les revanches tt les conqultes futures : des allualons à l'hostlll~ systematlque de la Yougosla-rle et de la Prance l ============••============ 81~,iote'caGino Bianco

Cette campagne constitue un véritable danger pour la paix. Elle jette une lumière singulière sur la, thèse fasciste de la ,·evision des trait'ës. Ce n'est pas par hasard que, le jour même où M. Mussolini prenait ouYertement position pour la rcvision des traités (discours de Naples du 24 octobre 1931), ses partisan~ déployaient à ses pieds un drapeau noir où l'on lisait . le mot d'ordre fasciste : « Ou la Dalmatie ou la mort ! » Il existe au sein de l'Association nationale des Volontaires de la Guerre un Comité pour l'action en Dalmatie dont les adhérents prêtent serment avec la formule suivante : « Moi, soussigné, je déclare sur mon honneur et ma conscience que je suis décidé à offrir dans la limite de mes forces toute l'aide possible de pensée et d'action à la sainte cause de la DalmaliE' italienne. » Il existe en outre - et elle est du domaine public - sur la Dalmatie, sur la Corse, sur~l'Afrique du Nord, toute une littérature qui émane des pouvoirs responsables et dont les funestes conséquences sont 'fisibles dans la formation inlellec-. tuelle, morale et politique des jeunes générations. Celle littératude irrédentiste, cette préparation psychologique el qiatérielle de la guerre de demain, cette dépravation du sentiment national au rang d'une haine envieuse des autres peuples et des autres Etats, tel est, de la façon la plus concrète, l'apport de l'Italie fasciste à la cause du désarmement. · l'égard de l'Ital!e, etc. Ce sont là des thèmes qui reviennent Jusque dans les cahiers des élèt•es. M. Oloacchlno Volpe, pro!esseur à l'Université de Rome, député fasciste de 1924 à 1929, secrétaire de l' • Accademla d'Italia •· édite un • Archlvo storico ~~!i8ta?:res~f'd:•,~~~i~~t!~nrtair:r,,~e Jg~;i~':,';,~ei~;é~~n1~~ ~~r;eradi~~/ 0nd aUne revue, Giornale di Politica e Letteratnra, est dédiée d'une façon spéciale à l'lrrédentlsme corse. · Un quotidien de Livourne, Il Telegrafo, s'est spécial!sé dans la propagande nntifrançalse en Corse et est envoyé sous enveloppe à beaucoup de Corses. Le gouvernement a créé, à l'Unlverslté de Pise, des bourses pour les Corses qui veulent !aire Jeurs études universitaires en Ital!e. ===========1s=========== Biblloteca Gino Bianco

B1blioteca Gino Bianco LE JEUNE ECOLIER D'AUJOURD'IIUI FERA UN SOLDAT DEMAIN. Illustration tirée du livre d'Etat des coùrs préparatoires.

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