Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

L'HÉROÏSME DU PEUPLE BELGE 75 Charles Gide disait tout à l'heure que votre sympathie pour nous ne vous empêchait pas de sourire. Il nous est arrivé de sourire de nous-mêmes. Car nous savons que, pour celui qui nous voit du dehors, M. Beulemans peut paraitre une figure symbolique. Nous sommes des gens dont la bonhomie frappe les étrangers. C'est une bonhomie un peu terre à terre, une sensualité parfois grossière, un étrange mélange de réalisme et de mysticisme : Teniers et Van Eyck, Rubens et Van der Weyden. En temps de paix, le côté bon enfant du cara"ctère belge apparaît surtout. Il faut l'épreuve pour que l'autre face apparaisse. On l'a vu au seizième siècle, on le voit aujourd'hui. Aujourd'hui comme au seizième siècle, notre peuple s'est inspiré de cette parole de Guillaume d'Orange : << Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. » Nous avons entrepris sans espérer, nous avons persévéré sans réussir, et nous sommes résolus, quoi qu'il arrive, à tenir bon, avec résignation, avec ténacité, et, je l'ajoute pour mes compatriotes, avec une manière de bonne humeur qui, dans les circonstances actuelles, pr~nd quelque chose d'héroïque. Hier, sur le bateau qui m'amenait ici, je causais avec un ouvrier de Roulers, en Flandre; il me disait : « Depuis le début de la guerre, je n'ai plus eu de nouvelles de ma femme et de mes six enfants. Je ne sais ce qu'ils sont devenus. Je m'en vais traB t; 1ntec-aG1rio8 a1ro (

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==