Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 9 - 1 dicembre 1890

Tu naquis. Le vieil esclaYeadmin)strati f entama l,'.gèrement encore son pécule, aux fètes du baptême. Les premiers temps tu fus, pour la jeune mère, la _poupée Yivante dont elle se flattait. Malgré tes cris et tes tannes, elle te lava, nettoya, épingla, emmaillotta. inexorablement. :.Vlèmetu n'eus point cette satisfaction que prend tout animal naissant :\ croupir en paix clans sa fiente. li te fallut subir une hydrothéri.ipie journalière qui te mart:vri a. Terl'ible et féroce ()!lete frotta, te fit reluire comme les cuines cle sa cuisine, telle une gamine qni cire aYecla brosse à parquet le Yernis facial cle sa poupée, pour écraser pal' le lnxe cle cette luenl' les pantins de ses compagnes. Quand cessa la première phase cle ton martyrologe, on te tnwestit en marin. Tu arboras nn col de toile bleue, des pantalons de futaine, et un béret portant écriL en or le Fo1·miâaùle. A peine vêtu de ces Ol'ipaux significatifs, ta mère t'employa pour entremetteur de ses sottes amours . .Aux.après-midis de jardin public, c'est ta joue que Yint tapoter d'abord ce militaire galonn(' pour qui, maintenant, elle vole sur les rations du ménage. Aujourd'hui ton malheur se magnifie. Dès que l'aurore crache le sang contre les Yi tres de la caserne c:i\'ile, la rnix grasse du père ensommeillé te r~veille en promettant la calotte excit:ürice. A peine vêtu, le sanglot du dernier ronflement dans la gorge, tu descends la lJOltc ù ordures ,;ers le tombereau municipal. Non sans que la portière t'ait qualifié en argot immonde pour les épluchures que ta main tremblante sema de marche en marche. On te Yoit ensuite, violc:t de froid, et les mains gonrdes courir sui· la glace des ruisseaux avec la boite au lait qu·une mégère fohUrc remplit de plàtre liquirle c;ipahle de crépir .'t jamais ton esto1rn1c,tombeau des nourritures innommables. Puis les bras chargés de pain et <lebraise, tu remontes actiYer le feu cleton souffle phtisique, comme si les bacilles de la tul.Jerculose qui colonisent tes poumons avaient besoin de cela pour croître et multiplier à !"aise. Entre temps tu as appris par cœnr la théorie des verbes grecs contractes, le rapport de la circonférence au diamètre, et le disconrs d'Alexandre à Porus afin qu.e ton père, éducateur rigide, te fasse réciter ces erreurs ataviBibliotecaGino Bianco

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